De nombreux indépendants constituent leur retraite uniquement avec le troisième pilier A. Ils peuvent ainsi concentrer toutes leurs relations d’assurance auprès d’un seul courtier ou d’une seule compagnie. Mais du point de vue de la prévoyance, le deuxième pilier est souvent plus avantageux. Le point en quelques questions.

Sous quelle forme puis-je toucher ma retraite?

En fonction du règlement de l’institution, le deuxième pilier peut donner la possibilité de choisir entre capital et rente ou une combinaison des deux. Les produits de troisième pilier A bancaires ne permettent en revanche de toucher qu’un capital. Quant aux produits de troisième pilier d’assurance, ils donnent parfois le choix entre un capital et une rente (ou une combinaison des deux), mais ce n’est pas systématique. Mais attention! «Pour un avoir identique, les rentes du troisième pilier sont beaucoup moins élevées que dans le deuxième pilier obligatoire», remarque Pierre Novello, auteur du Guide de votre prévoyance.
Il est également possible de toucher son troisième pilier A sous forme de capital (il sera taxé de 8 à 12% selon les cantons) et de l’utiliser pour se constituer des rentes viagères en troisième pilier B. Mais là encore, les rentes seront sensiblement plus basses que celles du deuxième pilier. «Cette solution peut cependant être intéressante lorsque l’on jouit d’un très haut revenu, les rentes viagères n’étant alors imposées qu’à hauteur de 40%», remarque Pierre Novello.

Puis-je changer d’institution de prévoyance?

Cela dépend. Les avoirs de deuxième pilier d’un indépendant peuvent être transférés sans inconvénient d’une institution à l’autre, moyennant un délai de résiliation. Les produits de troisième pilier uniquement axés sur l’épargne (c’est-à-dire ne couvrant pas les risques de décès et d’invalidité) peuvent également être retirés sans problème dans les cinq ans précédant l’âge légal de la retraite. «Avant cela, ils peuvent être transférés dans le 2ème pilier si la personne possède une possibilité une lacune de prévoyance (possibilité de rachat)», explique Fabrice Merle. Les produits de troisième pilier A couvrant le risque et l’invalidité sont moins flexibles. Retirer son capital avant la retraite peut entraîner des pénalités financières. «Les compagnies d’assurances versent des commissions élevées aux courtiers qui décrochent de tels contrats, qui viennent diminuer le rendement qu’elles offrent», explique Pierre Novello. «Il existe donc une règle absolue: il ne faut pas prendre ces produits pour une période courte, par exemple dix ans. Les frais découlant de ces commissions mangeraient une trop grande partie du rendement».

Peut-on combiner deuxième et troisième pilier?

Tout à fait. Il peut même s’agir d’une solution intéressante fiscalement suivant les cas. «Mieux vaut cependant commencer par le deuxième pilier et rajouter le troisième en appoint», précise Fabrice Merle. «Si l’on possède déjà un deuxième pilier qui couvre bien les risques de décès et d’invalidité, mieux vaut choisir un troisième pilier axé purement sur l’épargne pour ne pas couvrir deux fois le même risque», ajoute Pierre Novello. A noter que pour un indépendant affilié au deuxième pilier, les possibilités de cotisation au troisième A sont moindres: 6739 francs par année.