Un nouveau guide rappelle qu’on ne planifie pas une belle retraite sans un minimum de professionnalisme

Lorsqu’on réfléchit à sa prévoyance, on pense le plus souvent à l’AVS et à la caisse de retraite. Pourtant, on est très loin de faire le tour de la question. La prévoyance au sens large dépend de multiples choix à tout moment de la vie, que ce soit en matière d’assurances privées, de régime matrimonial, de fiscalité, de succession, etc. Chaque décision a un impact financier sur notre avenir. Pour nous aiguiller dans ce labyrinthe très complexe, le journaliste économique Pierre Novello vient d’éditer Le guide de votre prévoyance. Comment financer ses projets de vie et se préparer une belle retraite. Pour écrire cet ouvrage, il a collaboré avec le juriste Albert Gallegos, responsable du département conseil patrimonial et prévoyance de la Banque Cantonale de Genève.

«Pièges à éviter»

L’objectif de ce livre de presque 400 pages est «d’expliquer aux gens comment on planifie sa retraite, surtout à partir de 45 ans, dans une vision professionnelle de conseiller financier, remarque Pierre Novello. Afin de bien comprendre, nous exposons un exemple standard et nous expliquons quels sont les pièges à éviter». Selon lui, une solution individualisée doit impérativement se baser sur les besoins réels de chacun. Car le premier piège à contourner consiste à se laisser appâter par des produits financiers ou d’assurances qui ne sont d’aucun rapport avec ces objectifs.

Un autre risque: les effets secondaires induits par certaines décisions. Par exemple, changer de domicile pour bénéficier de réductions fiscales. Vaut-il la peine de se lancer dans une telle procédure compliquée? «C’est souvent à double tranchant», estime Pierre Novello. Il n’empêche qu’une telle réflexion induit selon lui une bonne connaissance de la fiscalité et permet des économies. Il cite le cas, dans le 3e pilier libre (3b), d’une police d’assurance vie à primes périodiques où la déductibilité dépend de la législation cantonale. Seuls Genève et Fribourg (en partie) l’admettent.

Marchés financiers

Le guide traite de multiples facettes du 3e pilier, cette partie individuelle de la prévoyance qui a pour vocation de combler les manques des deux autres piliers, soit l’AVS/AI, qui est une forme de prévoyance de l’Etat, et la LPP, qui est une prévoyance professionnelle. Dans le premier, les cotisations des personnes actives financent les retraites tandis que le second est un système de capitalisation, les cotisations des employés et employeurs constituant un capital-épargne pour la retraite. Celui-ci «fructifie» essentiellement grâce aux marchés financiers.

Toutefois, chacun des trois piliers nécessite de sérieuses connaissances afin de ne pas rater le train de vie désiré. Les auteurs se penchent tout autant sur les impôts, les assurances sociales ou les assurances privées, même la RC véhicules. Pour le 2e pilier, le guide traite notamment des incidences du divorce, de l’utilisation de l’avoir vieillesse pour l’achat d’un logement ou de la pratique des indépendants. Certains pièges sont mis en évidence, comme lors du rachat des années de prévoyance manquées. Il s’agit de veiller à la situation de la caisse, de savoir si elle est en phase d’assainissement. Car l’affaire peut être coûteuse, voire périlleuse si l’entreprise est boiteuse.

Check-up de la prévoyance

A entendre Pierre Novello, on comprend qu’entre 45 et 50 ans, il vaudrait mieux faire un check-up général de sa prévoyance au même titre qu’on va chez le médecin pour sa santé! Toutefois, à long terme, Monsieur Prévoyance, qui a déjà rédigé plusieurs guides financiers, affirme sa confiance dans la viabilité du système des trois piliers. Mais il dit aussi: «Etre prudent en ce moment n’est pas totalement absurde. Même si des garde-fous sont nécessaires, il faudrait sans doute plus de flexibilité. » Les gens devraient donc «prévoir une marge, en pensant que les rentes vieillesse ne sont pas forcément assurées».