Le journaliste économique Pierre Novello publie la troisième édition de son Guide de l’investisseur, devenu un manuel de référence pour l’initiation à la bourse et à l’investissement.

Après deux éditions de son livre intitulé «Bourse – Guide de l’investisseur» en 1999 et 2000, Pierre Novello a repris la plume. Sa 3e édition, co-éditée par Le Temps, vient de paraître. Illustré par de nombreux exemples et d’éléments graphiques, ce guide actualisé s’ajoute à sa longue liste d’ouvrages comme Le guide de votre argent, consacrant ce journaliste indépendant comme le vulgarisateur romand de la finance personnelle.

Le Temps: Quelles sont les principales nouveautés de cette édition?

Pierre Novello: Les produits structurés se taillent la part du lion, accaparant 10 pages sur les 30 supplémentaires que compte cette troisième édition. Les fonds de hedge funds et les Exchange Traded Funds (ETF) font également leur apparition. L’autre innovation, pratique, est le glossaire détaillé que l’on trouve à la fin du livre.

– Avec ce livre, dispose-t-on des moyens d’investir de façon informée?

– Cet ouvrage ne suffit pas à prendre la décision d’investissement, mais c’est un outil pour poser les bonnes questions à son banquier, le tester, face à la jungle des produits de placement qu’offre le marché.

Les produits structurés, en particulier, résultent d’une construction d’éléments simples, qu’il s’agit de comprendre. C’est le cas par exemple des produits à capital protégé. Or la littérature sur ces produits se limite généralement à des annonces qui présentent ces placements de façon fort compliquée. Ou légèrement biaisée. Lorsque l’industrie bancaire vous vend les «reverse convertibles» comme un produit génial, vous pouvez vous référer à mon livre. Vous vous rendrez instantanément compte que c’est un produit ayant le même risque que les actions, aspect trop souvent omis par les vendeurs.

– Pourquoi n’abordez-vous pas les coûts des produits structurés?

– Malheureusement, cette information n’est simplement pas disponible, car il existe une totale opacité sur les commissions prélevées par les promoteurs de ces produits. Cependant, le livre explique les ingrédients de ces différents produits de façon à savoir s’ils conviennent à votre profil de risque, et partant, d’évaluer si leur coût est justifié. Mettons que votre besoin de sécurité est élevé. Vous accepterez alors que la protection du capital ne soit pas gratuite, et que, même si les marges ont beaucoup baissé dans les produits à capital garanti, l’assurance aura toujours un coût. Avec les produits à capital protégé, il n’y a pas de miracle: il vous faut échanger une partie du rendement contre de la protection. Par analogie, les stratégies de couverture de votre portefeuille par des achats d’options put, elles aussi, vous coûteront le montant de la prime, d’autant plus élevé que la volatilité sera haute.

– Les fonds de placement deviennent-ils le moyen exclusif de détenir des actions pour les clients moyens?

– Si un client a moins de 1 million, il aura sans doute peu intérêt à investir directement en actions. Les banques lui tiendront un discours en faveur de produits plus économiques pour elles, et probablement pour lui aussi. le client paie en réalité des frais plus élevés sur un petit compte investi en direct, car il ne bénéficie pas des «prix de gros» dont bénéficient les fonds de placement. En outre, pour un montant de 200000 francs investi en actions, il sera difficile d’obtenir une diversification adéquate uniquement avec des titres détenus en direct. Les fonds de placement s’avéreront alors incontournables.

– Comment obtenir un avis réellement indépendant sur les produits?

– En lisant les journaux, en principe! Sérieusement, je suis toujours à la recherche de sources indépendantes, sans conflits d’intérêts, et en trouve rarement. En reposant mes questions à différents interlocuteurs et en les recoupant, j’ai obtenu des informations plus objectives.