On peut protéger son portefeuille en actions en achetant des options de vente (puts) sur l’indice correspondant à sa composition.

Acheter des puts sur indice

Lorsqu’on craint une baisse du marché sur lequel son portefeuille est investi, on peut vendre ses positions. Ce ne serait cependant pas une bonne idée en termes de performance si l’on suit une stratégie à long terme. Il est ainsi préférable d’utiliser des instruments financiers pouvant servir de couverture, tels les futures sur indice. Ou alors d’acheter des puts, c’est-à-dire des options de vente, sur l’indice correspondant. Comme l’explique Julien Hervé, Senior Investment Manager chez Société Générale Private Banking en Suisse, « les deux types de produits ont des dates d’échéance, mais la grande différence c’est que l’acheteur de l’option a le droit de l’exercer à l’échéance contre une prime. »

À l’instar des futures sur indice, l’option s’exerce sur une valeur monétaire, résultant de la multiplication de cet indice par un certain montant, variant selon les marchés. Pour l’indice du marché suisse, le SMI, ce facteur est de 10 francs par point d’indice. L’investisseur va devoir choisir un type d’option correspondant à la taille de son portefeuille, une date d’échéance et un prix d’exercice reflétant la perte maximale qu’il est prêt à subir si le marché se met à baisser fortement. Si l’option est exercée, elle se traduit par une transaction en liquide du gain ou de la perte réalisée sur l’opération.

L’achat du put pour couvrir son risque de perte

Le graphique en payoff permet de visualiser tous les cas de figure en termes de gains ou de perte selon l’évolution du sous-jacent.

Source : Société Générale Private Banking Suisse

Cas concret

Pour être plus concret, notre interlocuteur nous a préparé un exemple en date du 4 octobre 2024 pour un investisseur qui détiendrait un portefeuille en franc suisse d’environ 130’000 francs. Celui-ci craint une nette baisse au cours des prochaines semaines et décide de se couvrir au moyen de puts sur le SMI. Comme le cours du SMI se monte à 12’000 points ce jour-là, la valeur monétaire couverte par un put s’élève donc à 120’000 francs (= 12’000 x CHF 10). Avec un seul put, il couvre presque complètement son portefeuille. Il choisit la date d’échéance au 20 décembre 2024, et pour ne prendre aucun risque, il opte pour un prix d’exercice de 11’900 points. Avec cette perte assumée très limitée, la prime du put est de 234,10 points.

Pour visualiser comment l’évolution du sous-jacent impacte sur le bilan global de cette couverture, on peut recourir au graphique dit en payoff, tel que nous le propose notre expert, comme on le voit dans la page ci-contre. On obtient ainsi directement cette information. Dans cette représentation en payoff, on dessine en orange l’évolution du cours du sous-jacent selon le gain ou la perte réalisée par rapport au jour de l’acquisition du put à 12’000 points. On fait figurer le gain ou la perte lié à l’exercice de l’option, en bleu, en tenant compte de sa prime.

Interpréter le graphique en payoff

On voit que le put est d’autant plus profitable que le cours du sous-jacent évolue loin au-dessous de son prix d’exercice. Mais si le cours du sous-jacent s’en rapproche, le gain lié à l’option finira par tomber à zéro à 11’665,90 points (= 11’900 – 234,10), pour se transformer ensuite en perte jusqu’à 234,10 points, qui est la prime de l’option. Mais l’acheteur du put ne perdra jamais plus que le montant de la prime si le sous-jacent poursuit sa hausse, puisqu’il n’a pas l’obligation d’exercer son option. Avec un put au prix d’exercice de 11’900 et un prix au comptant à 12’000, l’investisseur accepte donc une perte maximale de 100 points, à laquelle il faudra ajouter le coût de la prime, soit une perte totale maximale de 334,10 (= 234,10 + 100).

Pour avoir une vue plus synthétique de la couverture procurée par le put, on combine l’évolution du sous-jacent avec celle du put, produisant cette courbe rouge. On voit ainsi immédiatement que le portefeuille sous-jacent est protégé à la baisse jusqu’à 11’900, avec une perte maximale acceptée au départ de 100, à laquelle s’ajoute le montant de la prime, soit 334,10 (= 100 + 234,10).  On constate alors que la ligne horizontale se met à monter, en parallèle à la droite décrivant l’évolution du portefeuille, mais avec un écart de 234,10. Écart qui correspond à la prime de l’option.

Gain ou perte monétaire

Avec un put qui couvre un portefeuille à hauteur de 12’000 points, soit 120’000 francs (= 12’000 x CHF 10), le gain ou la perte effective exprimée en points doit également être multiplié(e) par 10 francs. La perte maximale est donc de 1’000 francs (= 100 x CHF 10) à laquelle il faut ajouter le coût de la prime qui est de 2’341 francs (= 234,10 x CHF 10). Sur l’ensemble de l’opération, l’investisseur limite ainsi son risque de perte à hauteur de 3’341 francs (= CHF 1’000 + CHF 2’341). En fait, la perte totale peut s’avérer plus lourde puisque le portefeuille n’est pas complètement couvert, mais de manière marginale dans cet exemple.

Pour Julien Hervé, l’un des grands avantages des options sur indice par rapport aux futures, c’est de pouvoir couvrir son risque de manière peu onéreuse si l’on accepte une perte potentielle de quelques pourcents : « Sur des périodes de volatilités très basses, les primes peuvent coûter autour de 0,50%, alors que sur le marché des futures, un dépôt initial de l’ordre de 5 à 20% de la valeur du sous-jacent est exigé. Ce qui est un engagement très lourd. Par ailleurs, si le sous-jacent termine en forte hausse, le vendeur du future devra assumer la différence, lui causant ainsi une perte conséquente. Ce qui n’est évidemment jamais le cas lors d’achat d’options. »