Un ex-salarié dispose de plusieurs choix. Il peut le transférer sur un compte de libre passage, de type bancaire, ou opter pour une police de libre passage. Lorsque la personne retrouve un emploi, elle devra transférer les avoirs dans sa nouvelle caisse de pension. Par Pierre Novello, journaliste économique indépendant
En cas de perte d’emploi, les personnes licenciées doivent se charger de placer leur avoir de prévoyance, qui est alors sorti de la caisse de pension du personnel de l’entreprise dans laquelle elles étaient salariées. Elles ont le choix entre différentes solutions, selon le régime prévu par la LPP, soit sur un compte de libre passage, de type bancaire, soit sur une police de libre passage, auprès d’une compagnie d’assurances. Si l’ex-employé ne réagit pas, son avoir de libre passage sera viré sur le compte de l’institution supplétive, qui se chargera de gérer ces fonds. Et, lorsque la personne aura retrouvé un emploi, elle devra faire transférer cet avoir, y compris les intérêts accumulés durant cette période intermédiaire, dans sa nouvelle caisse de pension.
De moins en moins de polices de prévoyance
Traditionnellement, l’avantage de la police de libre passage par rapport au compte bancaire est d’offrir la possibilité de s’assurer contre le risque décès et invalidité, mais au prix d’une rémunération des capitaux inférieure, et de permettre la conversion en rentes du capital à la retraite. Mais «cette solution est devenue rare et seules quelques assurances continuent à l’offrir, telles les Rentes Genevoises (sans couverture de risque décès et invalidité) et les Retraites Populaires», explique Fabrice Geinoz, responsable marché auprès des Rentes Genevoises.
En revanche, «non seulement les banques mais également les compagnies d’assurances, poursuit notre interlocuteur, proposent des comptes de libre passage». Dans ce cadre, l’offre est très variée: les personnes entre deux emplois peuvent ainsi placer prudemment leur avoir de prévoyance sur des comptes rémunérés à un taux d’intérêt variable ou investir dans une fondation d’investissement de libre passage. Dans ce dernier cas, elles pourront choisir une stratégie de placement sur les marchés financiers selon leur profil de risque – dans les limites fixées par la loi –, potentiellement plus rentable, mais également plus périlleuse.
La question se pose évidemment de savoir quelle est la meilleure solution? Il n’y a pas de réponse standard: tout dépend de sa situation personnelle et de ses objectifs. Tout d’abord, que désire la personne licenciée? Cherche-t-elle à retrouver au plus vite un emploi ou est-elle prête à tenter l’aventure de l’indépendance?
Le demandeur d’emploi
Dans le premier cas, pour une personne qui a bon espoir de retrouver une place très rapidement, une couverture décès et invalidité n’a guère de sens, d’autant plus que les bénéficiaires d’indemnités journalières de l’assurance chômage sont soumis à l’assurance obligatoire en ce qui concerne ces risques. Par ailleurs, comme l’explique Albert Gallegos, responsable du conseil patrimonial et prévoyance de la Banque Cantonale de Genève: «Pour ce type de personne, qui a un horizon temps de placement très limité, il ne faut surtout pas prendre de risque.» Dans cette perspective, le genre de produit qui s’impose est celui qui permet de conserver son capital, sans coût en cas de résiliation rapide.
A priori, le compte bancaire répond à cette définition. Mais c’est également le cas d’une police de libre passage dans sa forme la plus simple, c’est-à-dire sans aucune couverture de risque complémentaire et rémunérée au moyen d’un taux d’intérêt. Ce produit ressemble en effet à s’y méprendre à un compte d’épargne, jusqu’au moment où le capital est converti en rentes, mais à long terme. Pour distinguer les produits, il faudra alors se livrer à une comparaison plus quantitative entre les différentes offres, en particulier en termes de rémunération du capital, car l’éventail est très large.
Le choix de l’indépendance
Pour les personnes qui font définitivement le choix de l’indépendance, les perspectives sont évidemment différentes. En effet, une police de libre passage avec une couverture décès et invalidité serait tout à fait appropriée, avec la conversion du capital en rentes à la retraite, ce qui «permet d’éviter l’impôt qui frapperait ces fonds s’ils étaient retirés à ce moment-là», précise Fabrice Geinoz.
Tandis que celui qui veut prendre plus de risques peut placer ses fonds de prévoyance dans une fondation d’investissement de libre passage, puisqu’il dispose a priori d’un horizon temps nettement plus long que le chômeur qui cherche à se replacer, en complétant sa couverture de risque décès et invalidité par ailleurs.
Toutefois, avant de prendre une telle décision, le candidat à l’indépendance devrait également prendre en considération la possibilité de s’affilier à une caisse de pension, comme le rappelle Albert Gallegos, pour profiter des déductions fiscales sur son revenu imposable: «Dans ce cas, le nouvel assuré a l’obligation de faire transférer son avoir de libre passage dans sa caisse de pension. Or les assurances de risque conclues dans le cadre de la police de libre passage, ou autrement, vont coûter cher lors de leur résiliation anticipée. Ces couvertures feraient d’ailleurs double emploi avec celles qui sont incluses dans le cadre du 2e pilier.»