Options, futures ou autres warrants sont échangés sur des marchés organisés ou de gré à gré. Les investisseurs préférant les marchés liquides, il est très difficile pour un nouvel opérateur boursier de faire sa place quand un produit est déjà bien établi sur un marché

Les produits dérivés sont échangés soit sur des marchés organisés, lorsqu’ils sont standardisés, soit sur le marché OTC (over-the-counter ou de gré à gré), directement entre acheteurs et vendeurs. Les bourses diffèrent toutefois selon la nature des produits qui y sont négociés. C’est ainsi que les options et les futures sont traités sur des marchés à terme qui leur sont dédiés, comme Eurex, sur laquelle on trouve notamment les produits construits sur les sous-jacents issus du marché suisse. En revanche, les produits structurés, y compris les warrants, sont échangés sur des bourses de valeurs, comme c’est le cas de SIX Structured Products – qui fait partie du groupe SIX – pour les produits du marché suisse. Toujours pour le marché helvétique, un marché de gré à gré a été lancé en 2012 par Swissquote avec UBS et Goldman Sachs. Cette nouvelle plateforme, baptisée Swiss Dots, fait ainsi concurrence à SIX Structured Products.

Eurex, la bourse pour les produits dérivés suisses

Il n’est guère surprenant que les options et les futures portant sur les produits du marché suisse soient échangés sur Eurex. En effet, la bourse européenne de produits dérivés a été créée à l’origine, en 1998, par la fusion de Deutsche Terminbörse et de Soffex (Swiss Options and Financial Futures Exchange). Eurex avait donc repris l’ensemble des contrats traités par ces deux bourses à terme. Les fondateurs d’Eurex avaient simultanément lancé de nouveaux instruments, notamment des produits euro et sur les indices Stoxx. Détenue à part égale par Deutsche Börse et par le groupe SIX, Eurex est finalement tombée entièrement dans le giron de la bourse allemande en 2012, lorsque son partenaire helvétique lui a vendu sa participation. Les principaux produits portant sur le marché suisse traités sur Eurex sont des futures, essentiellement sur des actions et des indices boursiers. Les options s’appuient également sur des actions et sur des indices boursiers.

La lutte pour la suprématie

Après avoir longtemps occupé la première place du classement des marchés de futures et d’options, Eurex s’est fait dépasser fin 2007 par le CME Group, issu de la fusion entre le Chicago Mercantile Exchange (CME) et le Chicago Board of Trade (CBOT). Le CME Group a ensuite absorbé le New York Mercantile Exchange (NYMEX) en 2008. Eurex n’est toutefois pas restée inactive, puisqu’elle a racheté l’International Securities Exchange (ISE) en 2007. L’ISE, créée en 2000, est l’une des nouvelles bourses américaines entièrement électroniques.

Mais l’Intercontinental­Exchange (ICE), autre bourse électronique créée la même année, est venue bousculer la hiérarchie puisqu’elle occuperait la 2e place derrière le CME pour les futures. Ce nouvel acteur a démontré sa puissance financière en 2013, en rachetant NYSE Euronext dans l’optique de vendre la partie européenne, à savoir Euronext, mais en conservant Euronext-Liffe, la bourse de produits dérivés.

Des marchés très segmentés

Malgré cette rude concurrence, les marchés de produits dérivés restent très segmentés. En effet, les investisseurs préfèrent passer leurs ordres sur les marchés les plus liquides. C’est pourquoi, dès qu’un produit est bien établi sur un marché, il devient très difficile à un nouveau venu de se faire une place sur ce secteur. C’est ce qui ressort d’ailleurs dans le tableau ci-dessus, repris de manière simplifiée de Finanz und Wirtschaft, qui indique notamment la spécificité des produits traités sur chaque bourse. Outre celles qui viennent d’être citées, ce tableau compte également le Chicago Board of Options Exchange (CBOE) ainsi que l’Option Clearing Corporation (OCC), qui joue le rôle de chambre de compensation pour toutes les bourses d’options des Etats-Unis.

Le marché des CDS

La taille des produits dérivés échangés de gré à gré et le rôle particulier joué par les Credit Default Swaps (CDS) dans l’aggravation de la crise de 2008 ont incité les responsables politiques à prendre des mesures. C’est ainsi que le G20 a demandé une plus grande régulation pour ces produits. Cette volonté s’est traduite par un renforcement de la législation des deux côtés de l’Atlantique: aux Etats-Unis, la loi Dodd-Franck a été adoptée en 2010, qui vise à réformer les institutions et les banques, les marchés et les autres acteurs ainsi qu’à protéger les consommateurs; sur le Vieux Continent, l’Union européenne a préparé la réglementation «EMIR» (European Market Infrastructure Regulation), qui est appliquée progressivement depuis le printemps 2014. Ce nouvel arsenal juridique a pour objectif de sécuriser le marché des produits dérivés de gré à gré (OTC), qui se déroulait jusque-là hors de tout encadrement légal. Cette nouvelle norme se traduit notamment par l’obligation de faire exécuter ce type de contrats, comme les CDS, par l’intermédiaire d’une chambre de compensation.