Le fonds Pictet F (LUX) Biotech-PC caracole en tête des fonds de biotechnologie sur cinq ans, malgré une taille déjà respectable de près de 2 milliards de dollars. Michael Sjöström, qui en est le gérant depuis son lancement, est un spécialiste du marché de la biotechnologie et de la pharma. Il gère aujourd’hui ce fonds pour le compte de Pictet & Cie depuis sa propre société, Sectoral Asset Management.

Le Temps: Votre fonds se consacre exclusivement au domaine de la biotechnologie à vocation médicale. Il s’agit d¹un secteur souvent associé à l’éclatement de la bulle Internet, produisant plus d’espoirs que de produits. Qu’en est-il aujourd’hui?

Michael Sjöström: La situation a changé depuis une dizaine d’années. Auparavant, on n’avait qu’une demi-douzaine de produits tous issus de la même technologie, c’est-à-dire de la production de protéines par voie recombinante. Il s’agit par exemple de la production d’insuline humaine dans des bactéries.

D’autres technologies avaient suscité de grands espoirs, mais sans lendemains. C’était le cas, par exemple, des anticorps.

Mais, dès 1995, d’autres technologies ont été développées qui ont permis la mise sur le marché de nouveaux produits, notamment des anticorps – avec succès cette fois-ci – dans le traitement du cancer. A partir de ce moment-là, le taux de croissance de l’industrie s’est maintenu à 20% ou pluspar année. En termes de chiffres d’affaires, il s’agit de 50 milliards de dollars par année, soit environ 7% des spécialités pharmaceutiques mondiales. D’ailleurs, entre 30 à 50% des nouvelles homologations pharmaceutiques sont aujourd’hui directement ou indirectement issues de la biotechnologie.

– Mais justement, n’est-ce pas l’ensemble de l’industrie pharmaceutique qui tend à faire de plus en plus de biotechnologie? Faire la distinction a-t-il encore un sens?

– Il est vrai que cela devient un peu académique, et ce le sera totalement d’ici à 20 ans. Mais pour nous, les critères de différenciations, ce sont la croissance et la capacité d’innovation. Pour le premier critère, nous sélectionnons les sociétés dont nous estimons le taux de croissance nettement supérieur à celui du marché de la pharma, qui est de 5 à 7% par an. Les sociétés que nous avons en portefeuilles connaissent ainsi des taux de croissance en moyenne trois à quatre fois plus élevés.

Par ailleurs, nous mesurons le caractère d’innovation par le taux de succès, par le nombre de produits dans le pipeline, ainsi que par l’importance de ce pipeline par rapport au portefeuille commercial. Ces critères vont donc écarter les grands groupes pharmaceutiques, même ceux qui sont très actifs dans la biotechnologie, tel Roche, en raison d’un taux de croissance insuffisant selon nos critères.

Nous nous concentrons ainsi sur les sociétés qui sont en passe d’aborder un nouveau cycle de produits, c’est-à-dire dont le médicament peut être homologué d’ici à un an ou deux, jusqu’à quelques années après l’homologation.

– Pourquoi ce dernier choix?

– Quand vous investissez dans une société qui a déjà passé une première phase de développement, le risque d’échec est nettement plus faible. Ainsi, un produit qui a atteint la dernière phase d’essai clinique a 80% de chance d’arriver sur le marché, alors qu’à l’étape précédente, ce taux tombe à 50%. Ce sont souvent des sociétés qui en sont à leur premier succès, ou succès espéré. Mais il s’agit parfois d’entreprises qui en sont à leur 2e ou 3e produit.

– Comment jugez-vous l’évolution boursière de ce secteur?

– La valorisation de la biotech est aujourd’hui au plus bas depuis dix ans, avec un multiple de 20 fois les bénéfices de l’année prochaine, pour 5 fois les chiffres d’affaires, alors que la moyenne historique est de 30 fois les bénéfices et de 8 à 10 fois les chiffres d’affaires. Pour une industrie qui va rester de croissance pour les 15 à 20 prochaines années, en raison d’une demande indépendante de la conjoncture, je pense que c’est un secteur qui risque fort de redevenir à la mode.

Fiche signalétique

Numéro de valeur: 891431

Promoteur: Pictet Funds S.A.

Domicile: Luxembourg

Date de création: 1er décembre 1995

Monnaie de référence: USD

Pol. de distribution: capitalisation

Taille du fonds: USD 1,89 milliard

VNI: USD 301.65

Performance annualisée depuis le lancement: 13,7 %

Frais (TER): 1,97 %

Frais de gestion: 1,65 %

Principales positions du fonds:

Celgen (7,6 %),

Genzyme (7,6 %),

Gilead Sciences (7,2 %),

Amylin Pharmaceuticals (5,7 %),

Amgen (5,6 %),

Novo-Nordisk (5,6 %),

Alexion Pharmaceuticals (4,9 %),

Ilumina (4,7 %),

Biogen IDEC (4,6 %), Onyx Pharmaceuticals (4,2 %)