La comparaison est rendue difficile en raison des excédents non garantis de l’assurance mixte et de la variabilité du taux d’intérêt de l’épargne 3a. Mais l’équation dépend également de la durée du contrat et de l’état de santé de l’assuré

Si vous désirez compléter votre prévoyance dans le cadre du 3e pilier lié en profitant des déductions fiscales autorisées (jusqu’à 6566 francs par an pour un salarié, 32 832 francs pour un indépendant non affilié à une caisse de pension), vous pouvez souscrire à une assurance vie et/ou déposer tout ou partie de cette somme auprès d’une fondation bancaire pour la faire fructifier.

On rappellera que ces contrats ne pourront être dénoncés que cinq ans au plus tôt avant la retraite, sauf exception, notamment en cas d’accession à la propriété. Si l’on a absolument besoin d’une couverture d’assurance décès, on peut également se décider pour une assurance mixte, c’est-à-dire une assurance décès couplée à un processus d’épargne. Mais quelle serait la solution la plus avantageuse en termes de rendement?

Avant d’aller plus loin, il faut souligner que si l’objectif est de se constituer des fonds propres nécessaires pour l’amortissement progressif de son logement, autorisé tous les cinq ans, «l’assurance mixte ne serait pas une solution optimale, comme l’explique Albert Gallegos, responsable du conseil patrimonial de la Banque Cantonale de Genève, en raison des frais ponctionnés lors des premières années, réduisant d’autant la valeur de rachat de l’assurance. Il vaut donc mieux privilégier la solution bancaire, à compléter si nécessaire par une assurance vie décès.»

Dans nos comparaisons, on a décidé d’inclure l’assurance libération de primes qui est très souvent intégrée dans l’assurance mixte. Ainsi, en cas d’invalidité, c’est l’assureur qui prend en charge le versement des primes. Cet ajout peut être facilement répliqué du côté de la solution découplée, en souscrivant à une assurance perte de gain pour un montant correspondant au versement des primes de l’assurance vie. Dans ce cas, 6566 francs.

Pour faciliter l’exposé, on ne compare que les produits les plus simples proposés actuellement sur le marché. Ainsi, Antoine Faure, conseiller et dirigeant de la société Univie, finance et prévoyance, à Carouge, a sélectionné les quatre offres des principales compagnies d’assurances bien placées actuellement pour une assurance mixte traditionnelle comprenant un capital au décès et la libération des primes en cas d’accident ou de maladie, avec un délai d’attente de 360 jours.

En moyenne, avec une cotisation annuelle de 6566 francs, un homme de 30 ans accumulerait sur une durée de 35 ans un capital assuré de 255 865 francs. Si l’on tient compte des excédents, non garantis, ce montant atteindrait 346 619 francs.

Ensuite, notre conseiller financier a choisi les quatre meilleures offres des compagnies proposant des assurances de risque au décès décroissant (non-fumeur) pour le même capital assuré, avec une rente en cas d’incapacité de gain de 6566 francs. Ces assurances risque pur vont ainsi coûter en moyenne 574 francs par an. L’assuré pourrait donc placer 5992 francs (= 6566 francs – 574 francs) sur un compte d’épargne 3a, pour avoir le même type de sécurité que le capital garanti par l’assurance mixte.

Sur la base des calculs effectués par Univie, il ressort que le capital assuré garanti de l’assurance mixte correspondrait à peu près à l’épargne accumulée sur le compte 3a à un taux d’intérêt d’environ 1,1%, et de 2,65% si l’on prend en compte la participation aux excédents. Tandis que le taux de rémunération moyen des comptes bancaire est actuellement de 2%. Sachant que la participation effective aux excédents par rapport aux projections s’est beaucoup réduite au cours de ces dernières années, la solution séparée n’apparaît-elle pas comme meilleure?

Mais, rétorque Antoine Faure, «la participation aux excédents, même si elle a été diminuée dans un passé récent, va fluctuer dans le futur. Par ailleurs, les taux des comptes 3a ne sont pas fixés pour les 35 ans à venir et peuvent varier jusqu’au terme du contrat.»

Par ailleurs reprend notre interlocuteur, «l’état de santé de l’assuré et la durée des contrats vont modifier les termes de l’équation. Ainsi, les primes d’assurance décès pur et de perte de gain vont être augmentées pour les fumeurs et/ou les personnes qui présentent un indice de masse corporelle BMI (Body Mass Index) trop élevé ou trop bas – facteurs de risque –, alors que les primes de l’assurance mixte n’en seront pas affectées.»

Pour reprendre notre exemple, la prime de l’assurance de risque pur pour des personnes «à risque» passe en moyenne à 821 francs par an. Le montant disponible à verser sur le compte d’épargne 3a se réduit donc de 247 francs (= 821 francs – 574 francs). Au total, il faudrait donc que le taux d’intérêt moyen soit plus élevé qu’auparavant pour que l’épargne accumulée corresponde au capital garanti par l’assurance mixte, soit environ 1,3%.

En revanche, l’assurance mixte va se révéler comparativement moins performante avec l’élévation de l’âge de l’assuré, et donc du raccourcissement de la durée du contrat. Ainsi, un homme de 50 ans, ayant conclu un contrat sur 15 ans et sans facteur de risque aggravant, disposerait à l’échéance d’un capital assuré correspondant au montant accumulé sur un compte d’épargne à un taux inférieur à 1%, et à environ 2% si l’on tient compte des excédents.

Ce n’est pas vraiment surprenant: les taux d’intérêt s’élèvent normalement avec l’allongement des échéances. Cependant, à l’instar des précédentes comparaisons, cela ne nous dit pas laquelle des deux solutions dégagera finalement le meilleur rendement.

Mais on doit s’y résigner, étant donné le caractère aléatoire des variables qui entrent dans ces calculs.