Rien ne paraît plus facile que de choisir des fonds de placement! En effet, on trouve sur des sites librement accessibles, tels que Swissquote et autres Morningstar, toutes les informations classiques, à commencer par les performances, l’écart type – mesure du risque -, ou le ratio de Sharpe, qui donne une indication de la performance par rapport au risque du fonds. Et pour chaque fonds, on peut obtenir une information détaillée, par un simple clic, sur la composition du portefeuille, sa taille, etc.
Fonds trop peu diversifiés
On pourrait imaginer qu’il suffit de choisir les trois ou quatre fonds en actions, par exemple, ayant connu la meilleure performance au cours de ces dernières années, avec un ratio de Sharpe favorable pour s’assurer d’un bon investissement sur ce marché. Cette démarche va malheureusement conduire à n’acheter aujourd’hui que des fonds investis dans des niches, telles que les petites capitalisations! En effet, ce segment de marché a connu une période très favorable depuis trois ans, tant du point de vue de la performance que de la volatilité. Mais on peut douter que les fonds attachés à ce style de gestion connaissent d’aussi beaux résultats à l’avenir, en raison du caractère cyclique des différents marchés. Quant au ratio de Sharpe, qui peut rassurer sur le niveau de risque lié au portefeuille du fonds, il est trompeur, car il n’intègre pas les risques extrêmes qui peuvent survenir sur n’importe quel marché, sous forme de fortes pertes. Comme on le comprend aisément, il faut procéder à une vraie diversification qui passe par différents styles de gestion, selon que le fonds investit par exemple sur les petites capitalisations, les grandes capitalisations, sur les titres de croissance ou de valeur, etc. Ce n’est qu’ensuite qu’on pourra sélectionner les fonds les mieux gérés dans leur catégorie.
La quête d’«alpha»
C’est malheureusement à ce stade que les choses se compliquent sérieusement. Car même si vous avez bien identifié le style de gestion que vous voulez intégrer dans votre portefeuille, comment allez-vous sélectionner les meilleurs fonds de la catégorie qui vous intéresse? Pour s’inspirer de la démarche suivie par les professionnels, il s’agit de trouver les fonds qui dégagent de la surperformance par rapport à un portefeuille de même style, mais qui seraient gérés passivement. Cette surperformance, c’est le fameux alpha.
Trouver le bon indice de référence
Mais la difficulté vient de là, car la composition des benchmarks – les portefeuilles passifs – utilisés habituellement pour mesurer l’alpha est trop globale pour correspondre aux différents styles de gestion des fonds. Par exemple, comparer la performance d’un fonds en actions suisses à l’indice SMI – son benchmark habituel – n’a pas beaucoup de sens, car vous ne pouvez pas distinguer ce qui vient de la rémunération des facteurs de risque auxquels le portefeuille serait exposé dans le cadre d’une gestion passive et celle, supplémentaire, qui serait due à l’habileté du gérant. Or c’est la raison même de cette recherche!
Tout le défi consiste donc à pouvoir définir le bon benchmark pour chaque fonds. C’est le pari tenté, et semble-t-il tenu, par la grande école de finance française, l’EDHEC, qui a développé en collaboration avec Europerformance une méthodologie pour calculer un benchmark, dit benchmark reconstitué, pour chaque fonds, selon son style de gestion. Ce qui permet de dégager la mesure de l’alpha pour chacun des 8000 fonds européens suivis par Europerformance. Cette approche a suscité suffisamment d’intérêt pour donner lieu à la publication du tableau des meilleurs alphas dans différents médias internationaux, dont le Financial Times, et, en Suisse romande, dans Bilan, tous les quinze jours.
Tester les critères de sélection de votre conseiller
Ce type d’instruments n’est pas à la portée du premier investisseur venu, mais est clairement destiné aux professionnels. Celui qui ne jure que par les transactions via des courtiers en ligne ne pourra évidemment guère tirer profit de ces informations, sinon de savoir qu’il choisira souvent ses fonds sur la base de mauvais critères…
En revanche, il est tout aussi clair qu’un investisseur ayant affaire à un conseiller financier qui lui recommanderait d’acheter des parts de fonds de placement devrait absolument tester son aptitude à choisir les meilleurs produits. Le vendeur de fonds devrait ainsi lui exposer par le menu son processus de sélection. Comme le demandent d’ailleurs les professionnels aux gérants de fonds dans lesquels ils envisagent d’investir pour leurs clients, pour s’assurer de leur sérieux.