L’action est-elle chère ou bon marché ? L’outil classique de mesure est le multiple, le fameux P/E. Mais il ne constitue qu’une première approximation qu’il faut compléter par une batterie d’indicateurs pour établir notamment le degré d’endettement de la société émettrice.

L’un des instruments traditionnels pour évaluer les cours des actions est un rapport entre le prix courant du titre et le bénéfice par action attendu pour les prochains exercices, soit le cours divisé par le bénéfice par action. Ce rapport est appelé multiple et, en anglais, price earning ratio (rapport prix/bénéfice), abrégé P/E ou PER. Par exemple, si un titre est coté à 200 francs et que le bénéfice par action estimé se monte à 20 francs, le multiple sera de 10 (= CHF 200 / CHF 20). Ainsi, plus le multiple est élevé, plus l’action est dite chère, puisque cela traduit la hauteur du cours par rapport aux bénéfices attendus. Inversement, plus il est bas, plus le titre est bon marché.

Pour que la comparaison ait un sens, on considère des titres dans un même secteur, par exemple Novartis et Roche. Dans ces conditions, la décision devrait être simple à prendre : on vend les titres chers, donc à multiple élevé, et on achète les actions bon marché, à multiple bas.

Mesure relative

Si le multiple est un outil de travail indispensable, sa portée est toutefois limitée. D’abord parce que son interprétation est difficile, l’estimation de bénéfices étant par définition approximative. Ensuite, parce que si le secteur dans lequel la société est active subit les effets d’une crise, les titres de toutes les entreprises seront touchés. De même, quand l’ensemble du marché s’effondre, les multiples prennent brutalement le même chemin. Ce qui pouvait paraître bon marché hier plongera avec le restant de la cote par un effet d’entraînement.

En outre, le multiple ne donne qu’une vision très grossière de l’état de santé de l’entreprise. C’est pourquoi les analystes financiers recourent à une batterie d’indicateurs tels qu’ils ressortent de sa comptabilité : le chiffre d’affaires annuel, qui est le total des ventes de l’entreprise au cours d’un exercice ; le bénéfice d’exploitation, c’est-à-dire le résultat de l’activité de l’entreprise après amortissement mais avant déduction des charges financières liées à son endettement ; le bénéfice net, qui est le bénéfice d’exploitation duquel sont retranchées les charges financières ; le cash-flow, qui est la valeur du bénéfice net, auquel on rajoute les amortissements ; enfin, le dividende, qui est la rémunération, variable, liée à la détention de l’action.

Degré de l’endettement

Par ailleurs, surtout lorsqu’on s’intéresse à des sociétés moins solides financièrement qu’une grande valeur comme Novartis, il est nécessaire de s’enquérir du poids de leur endettement. Il faut d’abord s’assurer que l’entreprise est apte à faire face à ses besoins en liquidités. Si c’est le cas, on pourra alors examiner sa solidité financière à long terme, sa solidité étant liée à son endettement. Il s’agit d’établir la relation entre, d’une part, l’ensemble de la dette de la société à court et à long terme et, d’autre part, ses fonds propres. Rapport qu’on appelle dans le jargon financier « debt-to-equity ratio ». Quel doit être le bon rapport ? Tout dépend du secteur : plus le domaine d’activité est cyclique, moins l’endettement doit être élevé.

Les huits points à prendre en compte pour évaluer une action

Chiffre d’affaires : Comment ont évolué les ventes de la société au cours des derniers exercices ?

Bénéfice d’exploitation : La société dégage-t-elle un bénéfice après amortissement mais avant la déduction des charges financières?

Cash-flow : Quelles sont liquidités qui entrent effectivement dans les caisses de la société ?

Bénéfice net : Quel est le résultat net de l’entreprise après amortissement et déductions des charges financières ?

Bénéfice net par action : Quel sera le bénéfice effectivement disponible par action ?

Multiple : Quel est le rapport entre le cours de l’action et son bénéfice net attendu ? Et comment se situe-t-il par rapport à celui de son secteur et à celui de l’ensemble du marché ?

Dividende par action : Quelle part du bénéfice par action est distribuée aux actionnaires sous forme de dividendes?

Endettement : La société peut-elle faire face à ses obligations à court terme ? Et à long terme ? Quel est son « debt-to-equity ratio » ?