Pour participer à la belle performance du marché des petites valeurs européennes, mais en gérant son risque de liquidité, la voie royale passe par le recours à des véhicules de placement collectifs, tels les ETF ou les fonds gérés activement.
Un marché performant mais volatil
Traditionnellement, les petites capitalisations cotées en Bourse, soit celles qui sont comprises entre 1 et 5 milliards de francs, ont la réputation de constituer une classe d’actifs particulièrement rentable. Et elle n’est pas usurpée, comme on le voit sur le graphique ci-contre, montrant la performance relative de l’indice MSCI des petites capitalisations européennes par rapport aux grandes capitalisations sur le même marché au cours des vingt-cinq dernières années, qui est deux fois plus élevée.
On constate cependant une volatilité nettement plus haute, mais qui est bien rémunérée « si on la mesure à l’aune du ratio de Sharpe ajusté », comme l’indique Franck Sabbah, responsable du développement des activités de gestion d’actifs en Europe continentale de la banque allemande Berenberg, qui offre notamment un fonds sur les petites capitalisations européennes.
En d’autres termes, le risque pris en vaut la chandelle. Cet enthousiasme doit cependant être tempéré par l’effondrement de ce marché l’an dernier, « en chute historique » pour reprendre l’expression de notre interlocuteur. La grande secousse de 2022 marque-t-elle un tournant dans la performance des petites capitalisations ?
Les petites capitalisations battent largement les grandes valeurs
Au cours des 25 dernières années, l’indice MSCI des petites capitalisations européennes (en base 100) a connu une performance deux fois plus élevée que celles des grandes capitalisations sur le même marché, mais au prix d’une plus grande volatilité en période de crise.
Source : Berenberg
Vulnérabilité aux crises
Ce marché est cependant loin d’avoir perdu ses atouts, mais il faut en accepter la vulnérabilité aux crises, comme cela a été le cas l’an dernier. « Les investisseurs sont incités à se séparer en priorité de cette catégorie de titres, en raison de leur liquidité plus faible mais également par la perception d’un risque plus élevé que sur les grandes valeurs. »
À l’instar des autres marchés d’actions, les petites capitalisations ont évidemment souffert d’un environnement économique et géopolitique difficile, et du resserrement de la politique monétaire. Mais, poursuit notre spécialiste, « les évaluations montrent que ce type de titres s’avère aujourd’hui extrêmement bon marché ».
Sur la base d’une telle appréciation, ces valeurs sont susceptibles d’intéresser de nombreux investisseurs prêts à en étoffer leurs portefeuilles d’actions classiques, c’est-à-dire composés essentiellement de grandes capitalisations. Toute la question est de savoir comment participer à ce marché. Une démarche rationnelle passe par le recours à la gestion collective, pour bénéficier de la diversification des risques, c’est-à-dire par le biais d’Exchange Traded Funds (ETF) ou de fonds de placement gérés activement.
Terrain de chasse pour la gestion active
« L’avantage habituel des ETF en matière de coût est moins marqué, mais les fonds gérés activement sur ces marchés sont également plus chers que sur les grandes capitalisations », reconnaît notre spécialiste. Mais, si l’on est convaincu de la capacité de certains gérants à battre leurs indices de référence, le marché des petites valeurs s’avère prometteur pour la gestion active.
« En effet, poursuit l’expert, les petites capitalisations sont beaucoup moins suivies que les grandes valeurs, offrant ainsi de véritables opportunités d’investissement. Car sur les 1 500 sociétés qui composent cet univers, seule une bonne centaine constitue de véritables perles, c’est-à-dire qu’il s’agit d’entreprises rentables, en croissance, avec un bilan sain et une gouvernance très établie et qui sont actives sur un marché porteur. L’information est disponible, puisque ce sont des sociétés cotées. Mais il faut avoir les moyens d’aller la collecter et de l’analyser, puis d’engager les discussions avec les équipes dirigeantes, pour ensuite acquérir et conserver ces valeurs au cours de la première phase de leur croissance. Il est donc nécessaire de faire preuve de discipline, et de ne pas s’en débarrasser en cas de chute de marché. »
Stratégie individuelle
Que l’investisseur individuel se tourne vers un ETF ou un fonds géré activement, il devra faire ses devoirs pour opérer un choix raisonné. Car il faut privilégier un produit particulier, avec les multiples critères d’analyse qui doivent entrer en ligne de compte. Par exemple, pour les ETF européens, « on trouve une quinzaine de produits », indique notre spécialiste, qui se partage entre ETF à réplication physique, à échantillonnage optimisé et en ETF synthétiques, sous la forme de swaps non financés, avec leurs risques spécifiques. Il faut par ailleurs examiner quels sont les segments de marché couverts.
Pour la quarantaine de fonds gérés de manière active recensés par le spécialiste, il faudrait effectuer une sorte de « due diligence », afin de comprendre leur stratégie, d’examiner la composition de leur portefeuille, de leur performance sur différents horizons de temps, leurs frais, la pérennité de leur équipe de gestion, etc.
Par ailleurs, à l’instar de la discipline évoquée par notre banquier, cette politique devrait également être suivie par les détenteurs de parts dans des fonds qui investissent à long terme : « Le market timing est donc à proscrire ! »