Le critère clé, c’est la performance sur le long terme, mais qui doit être consistante et reproductible sur la longue durée. La capacité d’analyse des facteurs qui en sont à l’origine joue donc un rôle déterminant dans ce processus.

Performance

Si l’on investit dans un fonds de placement en actions dans une vision de long terme, c’est qu’on est convaincu par les bonnes perspectives du marché sous-jacent, mais aussi par la capacité de l’équipe de gestion de battre son indice de référence. Le premier critère, c’est donc la performance qu’on peut en espérer sur la durée. Pour dénicher les perles rares, on peut recourir à une base de données comme celle de Morningstar (www.morningstar.com), qui est en libre accès, pour opérer un premier filtrage sur l’univers d’investissement recherché.

Cette sélection a d’autant plus d’importance que l’écart de rendement entre les fonds les plus performants peut être très large, comme c’est le cas sur le marché suisse. Pour le montrer, Urs Ziegler, responsable de l’asset management de la Banque Cantonale de Genève (BCGE), a produit le graphique ci-contre, qui présente la performance au cours des dix dernières années des fonds de placement segmenté en quatre quartiles, ainsi que son indice de référence, le Swiss Performance Index (SPI). Ainsi le premier quartile regroupe le quart des fonds qui a enregistré la meilleure performance, tandis qu’à l’autre extrémité, le quatrième quartile représente le quart des fonds à la performance la plus faible.

Large écart de performance des fonds de placement en actions suisses
Lorsqu’on segmente l’ensemble des fonds de placement en actions suisses par quartiles, on constate que les meilleurs fonds dégagent une performance sur le long terme nettement plus élevée que les fonds les plus faibles, et supérieure à leur indice de référence, le SPI.

Source : BCGE / Lipper

Fiscalité et frais

Avant d’aller plus loin dans l’analyse des fonds pour évaluer leur capacité à perpétuer la performance passée, il faut faire entrer un critère d’ordre fiscal. En effet, explique notre interlocuteur, il est important de distinguer entre des résidents suisses ou étrangers : « Si les fonds de droit suisse sont tout à fait adaptés aux résidents suisses, ils sont en revanche susceptibles de poser des problèmes aux résidents étrangers, qui pourraient être pénalisés par leurs autorités fiscales. Pour éviter ce désagrément, ceux-ci devraient donc opter pour des fonds soumis aux règles UCITS, c’est-à-dire sous le format européen. »

Par ailleurs, certains critères sont discriminants : « Les fonds sélectionnés doivent avoir au moins une taille de 100 millions de francs, tandis que la publication de la VNI (valeur nette d’inventaire) doit être journalière. » En revanche, la question si sensible des frais ne lui paraît pas centrale dans le processus de sélection des fonds en actions : « Il ne faut pas oublier que les performances sont basées sur la VNI, qui est nette de frais. Depuis une trentaine d’années, les frais ont d’ailleurs eu tendance à se comprimer, pour se stabiliser, avec de moins en moins d’excès. »

Critères qualitatifs

L’exercice est évidemment loin d’être terminé. Il faut maintenant se pencher sur les critères plus qualitatifs, poursuit notre banquier : « Si le fonds a connu une surperformance dans le passé, il faut qu’elle soit consistante sur la durée, d’un minimum de trois à cinq ans. Mais il faut s’assurer qu’elle a de bonnes chances de se reproduire. C’est la raison pour laquelle il faut en analyser les sources et pouvoir s’entretenir avec l’équipe de gestion qui en est à l’origine. Et il faut notamment recevoir des informations très régulières sur l’évolution du portefeuille sous-jacent, sur de courtes périodes, soit d’un à trois mois, selon le principe dit du look-through. C’est d’autant plus important que les fonds disposent d’une certaine latitude pour investir en dehors du domaine qui leur est dédié, créant un biais par rapport à leur indice de référence. »

Par ailleurs, les professionnels disposent de deux outils qui, combinés, permettent de détecter les fonds prétendument actifs, mais qui ne font en réalité que répliquer leur indice : « Ce sont le tracking error, qui est l’écart de performance par rapport à son indice de référence, et l’active share, qui mesure le volume des pondérations actives en pourcentage par rapport à ce même indice de référence. »

Investisseur individuel

L’investisseur individuel qui voudrait participer à un fonds de placement sur le long terme sur un marché d’actions particulier aura de la peine à procéder à une sélection en toute connaissance de cause. Et même s’il en a les compétences, il lui sera impossible d’aller interroger les gérants pour comprendre leurs stratégies, surtout si le fonds connaît un passage à vide. En fait, si l’on veut vraiment investir de manière raisonnable dans un fonds de placement, il sera nécessaire de recourir à un conseiller professionnel indépendant. Mais faudra-t-il encore dénicher cette autre perle rare, et accepter une nouvelle couche de frais.

On peut cependant opter pour une approche différente, purement passive, c’est-à-dire une gestion indicielle. Et le résultat ne sera pas si mauvais, comme on le constate sur le graphique fournit par la BCGE, puisque l’indice SPI aurait évolué dans le bas du premier quartile, soit au-dessus de la performance des trois quarts des autres fonds. Toutefois, ce résultat serait inférieur, comme le rappelle Urs Ziegler, « car il faut compter des frais variables selon les marchés, mais généralement de l’ordre de 0,25% ou plus, réduisant quelque peu la performance effective. »