Comment tirer parti au mieux des bases de données librement accessibles

On l’aura compris, les professionnels ne laissent guère d’espoir à l’investisseur lambda pour construire et gérer efficacement son portefeuille par lui-même, malgré (ou à cause) de la masse d’informations dont il peut disposer aujourd’hui. En revanche, il n’est plus aussi démuni que par le passé pour dialoguer avec son conseiller en placement ou s’il veut simplement évaluer les produits que pourrait lui proposer son banquier. Il lui est ainsi très facile d’en connaître la performance historique, avec la possibilité de visualiser l’évolution de la valeur nette d’actifs (VNI) par rapport à son indice de référence, de savoir dans quoi il investit, comment est composé son portefeuille, quel est son style de gestion, ainsi qu’une foule de données plus ou moins techniques. Mais, évidemment, comme on dit, trop d’informations tuent l’information.

Pour illustrer un cas où ces sélecteurs de fonds s’avèrent très utiles même si l’on n’y connaît pas grand-chose aux marchés financiers, ce sont les frais. Certains promoteurs de fonds estiment qu’il n’est pas logique de les prendre en considération, puisqu’ils sont déjà intégrés dans les performances publiées. Pourtant, comme l’indique Akimou Ossé en citant une étude de Morningstar publiée en 2010: «Le TER (Total Expense Ratio) est un bon prédicteur de la performance future. Il faut donc rester vigilant par rapport aux fonds qui pratiquent les frais les plus élevés dans une catégorie donnée.»

Toujours dans la démarche d’élimination de produits, la mauvaise performance à long terme, pour des fonds déjà anciens, c’est-à-dire ceux qui ont plus d’une dizaine d’années, constitue un signal très clair. En effet, si un produit se traîne dans les tréfonds des classements depuis sa création, il y a peu de chance qu’il se mette à battre des records dans l’avenir, à moins qu’une star de la gestion n’ait récemment été engagée. A écarter, donc!

On pourrait imaginer cette recommandation superflue puisque selon le principe de la sélection naturelle, les fonds aux performances médiocres devraient finir par disparaître, sous l’effet de la concurrence. Mais, comme nous l’ont confirmé certains de nos interlocuteurs, il existe bel et bien une importante catégorie de fonds qui survivent sur le long terme malgré leurs faibles résultats, en raison de la capacité de leurs promoteurs à les distribuer à leur clientèle sur une large échelle.

Dans la même perspective, il faudrait essayer d’éliminer des fonds qui se prétendent actifs, et qui prélèvent des frais correspondants, c’est-à-dire élevés, alors qu’en réalité ils ne font que suivre leur indice de référence. Si c’est le cas, autant acheter un ETF qui remplira la même fonction, mais de manière beaucoup moins coûteuse. Pour un investisseur individuel, c’est malheureusement difficile de faire la distinction, explique Akimou Ossé: «Deux indicateurs combinés permettent de détecter les “faux fonds actifs“: le premier, c’est le tracking error, qui est l’écart de performance d’un fonds par rapport à son indice de référence; la seconde, c’est l’active share, qui mesure la différence de contenu entre le portefeuille et son indice de référence.» Si le tracking error est aisé à trouver, l’active share n’est malheureusement accessible qu’aux professionnels.