La réponse à cette question n’a rien d’évident, étant donné le caractère facultatif de la couverture de ce risque. Les prestations peuvent grandement différer selon les entreprises de presse. Enquête en Suisse romande.

Si tout salarié travaillant plus de huit heures par semaine est obligatoirement protégé contre les conséquences d’un accident grâce à l’assurance accidents, avec non seulement la prise en charge des soins médicaux, mais également la perte de gain, à hauteur de 80 pour cent – il en va tout autrement de la maladie.
En effet, l’employeur pourrait se limiter à appliquer un barème extrêmement restrictif, baptisé échelle bernoise, qui stipule qu’en cas de maladie le salaire n’est versé que pendant trois semaines si l’employé tombe malade au cours de la 1e année de service. La 2e année, la durée de versement s’étend à un mois, puis à deux mois pendant la 3e et 4e année pour finalement atteindre six mois au cours de la 20e à 25e année de service.
Sachant qu’une éventuelle rente AI ne sera pas accordée avant un délai d’un an, on comprend aisément les difficultés financières d’un salarié fraîchement engagé et qui tomberait malade pendant plusieurs mois.

Protection de la CCT

Heureusement, une grande partie des journalistes salariés bénéficie d’un meilleur sort si leur employeur est signataire de la CCT. En effet, l’incapacité de travail, qu’elle soit due à la maladie ou l’accident est régie par l’article 14 de ce document, qui édicte que „le journaliste reçoit: l’entier de son salaire durant les 120 premiers jours de cette incapacité; 80 pour cent de son salaire du 121e jour au 365e jour; ou l’équivalent sous forme d’indemnités d’assurance”. On constate donc que cette couverture est calquée sur les indemnités journalières de l’assurance accidents.
Au-delà de ce cadre général, la question qui se pose est de savoir ce que proposent concrètement les différents employeurs, qu’ils aient signé ou non la CCT. Dans ce but, EDITO+KLARTEXT s’est livré à une enquête couvrant les principaux médias de la presse écrite et électronique de Suisse romande.
Le résultat est un peu décevant étant donné qu’une majorité de médias n’a fourni aucune réponse à notre questionnaire – l’un d’entre eux ayant eu l’„amabilité” de préciser qu’il ne désirait pas y participer. Heureusement, les rares réponses obtenues proviennent des poids lourds de la profession sur le marché romand – Edipresse, Ringier ou la RTS – et emploient donc une très grande partie des journalistes salariés. Sans vouloir en tirer des conclusions hâtives, on peut imaginer que les répondants font plutôt partie des bons élèves. Ce que semblent confirmer les très bonnes conditions que la majorité d’entre eux offrent à leurs salariés. En revanche, il est possible que parmi ceux qui se sont abstenus, la protection sociale ne soit pas optimale.
Il est également vrai que la période estivale est peu propice à ce type d’enquête… Mais restons-en, dans le cadre de cet article, aux faits avérés et examinons les résultats obtenus.
Comme on le voit dans le tableau ci-contre, la protection sociale en cas de maladie est plutôt bonne, voire très bonne, chez nos répondants. Pour couvrir ce risque, l’ensemble des éditeurs indique avoir recours à une assurance perte de gain, à l’exception de Ringier, qui l’assume lui-même.
En principe, les employeurs poursuivent le versement du salaire tout en encaissant les indemnités journalières pour leurs employés. Quant aux primes d’assurances, elles sont financées de manière variable selon les entreprises.

Deux ans de salaire

Si l’on commence par les sociétés les plus généreuses, on constate que l’ATS, Axel Springer („PME Magazine” et „La Banque Suisse” en Suisse romande) et la RTS assurent chacune les 100 pour cent du salaire à leurs journalistes malades pendant 720 jours (deux ans à la RTS pour les collaborateurs au bénéfice de la CCT). Quant aux primes d’assurance perte de gain, elles sont entièrement à la charge de ces employeurs. Pour la RTS, c’est le cas seulement pour les bénéficiaires de la CCT.
Du côté d’Edipresse, les prestations sont presque identiques, puisque le groupe assure une couverture intégrale du salaire sur une période de 730 jours. En revanche, le coût des primes d’assurances perte de gain, qui couvre 90 pour cent du salaire dès le 30e jour durant 700 jours, est pris en charge de manière égale entre l’employeur et l’employé.
Pour les autres employeurs ayant répondu à nos questions, Ringier offre des prestations moins généreuses. En effet, en cas de maladie, le salaire intégral n’est versé que pendant 180 jours, puis est réduit à 80 pour cent à partir du 181e jour de maladie jusqu’à concurrence de 720 jours pendant une période de 30 mois. En revanche, il n’y a aucune prime d’assurance perte de gain à la charge des employés puisque l’entreprise assure elle-même ce risque.

Qui paie les primes?

La Liberté offre des prestations assez proches de celle de Ringier, avec une couverture complète du salaire pendant les 120 premiers jours de maladie, puis 90 pour cent du 121e jour au 730e jour. Autre différence avec Ringier, l’assurance perte de gain, qui couvre 90 pour cent du salaire AVS depuis le 61e jour de maladie, est financée à hauteur de 1/3 par l’employé et par 2/3 par l’employeur.
De son côté, Le Courrier applique la CCT, mais sur une période deux fois plus longue, c’est-à-dire que 100 pour cent du salaire est versé pendant les 120 premiers jours de l’incapacité de travail, puis 80 pour cent du 121e jour jusqu’au 730e. Quant aux primes d’assurances perte de gain, qui couvre 80 pour cent du salaire pendant 730 jours, elles sont payées à parts égales par l’employeur et l’employé.
Enfin, la Fédération romande des consommateurs applique des conditions moins favorables que celle de la CCT. Mais, comme nous l’indique Mathieu Fleury, son secrétaire général, „FRC Magazine” n’est pas signataire de la CCT „parce que toute l’équipe de professionnels de la FRC est soumise au même régime, journalistes ou non”. La FRC fait toutefois bénéficier tous ses employés d’une assurance perte de gain qui se monte à 80 pour cent du salaire dès le 31e jour, entièrement financée par l’employeur. Durant le délai d’attente, l’entreprise paie le 100 pour cent du salaire. La durée des prestations est de 730 jours.

Affiliation automatique

Par ailleurs, tous nos interlocuteurs nous ont affirmé qu’il n’y avait aucune entrave pour affilier de nouveaux employés à l’assurance perte de gain, tels que des examens médicaux. C’est évidemment un point très important. En effet, si vous passez d’une entreprise où vous êtes bien couvert contre ce risque et que l’assurance collective refuse de vous assurer, il faudrait que vous combliez vous-même cette lacune auprès d’une compagnie d’assurance en souscrivant à une assurance d’indemnités journalières individuelle. Mais, évidemment, si vous avez été exclu par l’assurance collective, c’est sans doute parce que vous êtes considéré comme un mauvais risque. Il vous sera donc peut-être difficile de trouver une compagnie qui accepte de vous assurer.
Enfin, même si vous bénéficiez de la protection prévue par la CCT, c’est-à-dire avec une couverture de 80 pour cent du salaire perdu à partir du 121e jour de maladie, il faudrait peut-être quand même songer à compléter cette lacune par une assurance perte de gain individuelle pour ces 20 pour cent manquants. Tout dépendrait évidemment de votre situation personnelle et des conséquences qu’entraînerait une telle réduction de votre revenu.