Si vous êtes en bonne santé, le risque d’invalidité n’est sans doute pas votre première source d’inquiétude. Et vous ne savez peut-être pas comment la perte de votre revenu serait alors compensée. Si vous êtes salarié, il est possible que les assurances obligatoires suffisent à vous garantir un revenu proche de celui qui serait perdu à la suite de l’invalidité, mais c’est loin d’être toujours le cas. En fait, la différence tiendra essentiellement à la nature du mal à l’origine de l’invalidité. Si l’invalidité est consécutive à un accident, la couverture sera généralement suffisante. Alors que si elle est la résultante d’une maladie, la couverture sera bien moindre. Pour l’indépendant, la situation est plus simple, puisqu’il sera aussi mal couvert dans les deux cas s’il se cantonne à la seule assurance obligatoire qui couvre ce risque, l’assurance invalidité (AI).

Pour établir les éventuelles lacunes de couverture, commençons par détailler l’assurance invalidité, l’AI, puisque cette dernière concerne toute personne domiciliée en Suisse ou qui y travaille. Chacun y est donc obligatoirement affilié. Les rentes de l’AI sont calculées de la même manière que celles de l’AVS. Elles sont comprises entre un minimum de 1055 francs et un maximum de 2110 francs par mois. Elles n’assurent donc qu’une compensation modeste pour les personnes au revenu élevé. Heureusement, une rente pour conjoint est accordée, à hauteur de 30% de la rente pour invalide, de même qu’une rente pour chaque enfant, à hauteur de 40% de la rente pour invalide.

A partir de là, seuls les salariés sont susceptibles d’être couverts par d’autres assurances obligatoires. Mais avant d’aller plus loin, on doit distinguer l’origine de l’invalidité, accident ou maladie. Commençons par le cas de l’accident. Tout salarié travaillant plus de 8 heures par semaine est obligatoirement assuré auprès de l’assurance accidents, qui le protège contre les risques d’accidents tant professionnels que non professionnels ainsi que contre les maladies professionnelles. Cette assurance intervient dès la survenue de l’accident, couvrant non seulement les frais de traitement ? hôpitaux, médicaments, etc. ? mais également la perte de gain, jusqu’à 80% du salaire de la victime. Au cours des premiers mois, l’employeur verse en général l’appoint de 20% du salaire.

Des montants modestes

Si la personne ne parvient pas à recouvrer la santé, de manière à lui permettre de gagner sa vie, l’assurance accidents et l’assurance invalidité peuvent déclarer la personne invalide au bout de quelques mois, par exemple un an après l’accident. Dans ce cas, la personne pourrait toucher jusqu’à 90% de son dernier salaire, qui résulterait de la combinaison des rentes de l’assurance accidents et de l’AI. Comme les rentes de l’assurance accidents et de l’AI sont plafonnées, les assurés dont les rentes sont inférieures à 90% de leur dernier salaire pourraient aussi toucher des rentes d’invalidité de la part de leur caisse de pension.

Si l’on considère maintenant le cas de l’invalidité consécutive à la maladie, la protection sociale est beaucoup moins étendue. Il n’existe en effet pas d’équivalent à l’assurance accidents en cas de maladie. Une assurance perte de gain en cas de maladie peut être souscrite par l’employeur, à titre facultatif, en faveur de ses employés. Une telle assurance verserait alors à l’employé malade des indemnités journalières se montant généralement à 80% de son salaire, auxquelles s’ajouterait au cours des premiers mois l’appoint de 20% de la part de son employeur, avant que l’AI et la caisse de pension ne prennent le relais. Sinon, l’employeur pourrait ne verser son salaire que pendant trois mois par exemple, pas plus longtemps. Soit bien avant que l’employé ne soit déclaré, le cas échéant, invalide par l’AI et ne puisse bénéficier d’une rente d’invalidité. Pour le salarié affilié au 2e pilier, c’est-à-dire gagnant plus de 25 320 francs par an (montant appelé déduction de coordination), une rente d’invalidité de sa caisse de pension lui serait accordée, pour lui-même et pour chacun de ses enfants (20% de la rente d’invalide).

En général, le montant dégagé par les rentes de l’AI et le 2e pilier se révèle modeste. C’est pourquoi chaque salarié doit vérifier que cette couverture est suffisante ou si elle ne doit pas être complétée par une assurance perte de gain privée, procurant par exemple une rente en cas d’invalidité. Chaque employé devrait également vérifier auprès de son employeur si celui-ci l’a, ou non, assuré, auprès d’une assurance pour la perte de gain en cas de maladie avant que l’AI n’intervienne. Si ce n’est pas le cas, l’employé mal couvert aurait grandement avantage à souscrire volontairement à une telle assurance pour éviter le risque de voir son revenu disparaître complètement pendant plusieurs mois en cas de maladie. Quant à l’indépendant, il devrait évidemment souscrire à des assurances privées pour compléter la seule AI à laquelle il est obligatoirement soumis pour se prémunir contre la perte de revenu consécutive à un accident ou à la maladie.

Pierre Novello est journaliste économique indépendant, auteur du «Guide de votre argent, retraite ? assurances ? logement ? placements» qui vient d’être publié et qui est disponible en librairie.