Les rendements de ce type de titres sont actuellement inférieurs à ceux des comptes bancaires, mais ils permettent de protéger intégralement ses liquidités en cas de faillite de sa banque.
A l’heure actuelle, l’épargnant moyen qui possède quelques dizaines de milliers de francs sur son compte auprès de sa banque n’a en principe aucun avantage à en convertir une partie en fonds de placement monétaires en francs suisses pour en espérer un meilleur rendement. On rappellera que les marchés monétaires sont composés de placements à court terme, jusqu’à 12 mois d’échéance, sur des débiteurs de premier ordre, donc en principe très sûrs.
Les fonds monétaires dans le rouge
Une telle opération serait d’autant plus perdante que la quasi-totalité des banques ont renoncé à appliquer le moindre taux négatif sur les comptes de leurs épargnants, mais ne les rémunère pratiquement plus. A la notable exception de la petite banque WIR qui a annoncé à la fin de l’année dernière qu’elle allait prélever un intérêt négatif de 0,125% sur les comptes courants et de 0,75% à partir de 100’000 francs de dépôt, Mais le mouvement n’a manifestement pas été suivi.
D’ailleurs, même pour les clients de cette banque dont les comptes seraient supérieurs à 100’000 francs, les fonds monétaires en francs suisses leur coûteraient plus chers que la ponction prélevée par cet établissement. En effet, la rémunération de ces fonds reflète celle de son marché sous-jacent, et par conséquent les effets de la politique de la BNS : les taux d’intérêt fluctuent donc autour de -0,75%, à quoi vont encore s’ajouter les frais et les droits de garde, qui ne sont pas négligeables.
Distinction fondamentale
Dans cette perspective, on peut évidemment se demander à quoi servent les fonds monétaires s’ils semblent moins avantageux que les comptes auprès des banques, Ce serait méconnaître la distinction fondamentale entre un compte et une part de fonds monétaire, Le premier n’est qu’une simple créance, qui, demande des délais plus ou moins longs pour les retraits, tandis que la seconde est un titre détenu directement par le client, qui peut le vendre immédiatement et sans contrainte.
Cette différence de nature juridique joue un rôle essentiel en cas de faillite de la banque. En effet, les comptes bénéficient d’une garantie, financée par les banques et négociants en valeurs mobilières, mais seulement jusqu’à 100’000 francs par client. Le remboursement des montants supérieurs va ainsi dépendre du solde de la masse en faillite à partager entre créanciers. En revanche, les détenteurs de parts de fonds de placement, qui sont hors bilan, auront droit à leur restitution intégrale.
Si l’on est allergique aux fonds de placement monétaires, on peut y renoncer pour placer ses liquidités en ouvrant des comptes dans différents établissements pour moins de 100’000 francs à chaque fois. Mais cette stratégie va sans doute compliquer la gestion de son patrimoine, sans compter la génération de nouveaux frais, dont les banques sont de plus en plus friandes.
On pourrait se demander s’il ne serait pas plus judicieux de placer son surplus de liquidités sur des obligations à court terme, qu’on utilise traditionnellement dans ce but. Mais le niveau actuel des taux d’intérêt fausse la donne : ces titres sont très faiblement rémunérés, tout en êtant exposés au risque de la remontée des taux qui en ferait baisser le cours. Le handicap est d’autant plus grand que la part de liquidités dans les portefeuilles est sans doute plus importante que celle qui devrait lui être consacrée selon une allocation d’actifs traditionnelle: le krach de 2008 est encore dans toutes les mémoires et l’environnement économique et financier reste passablement anxiogène, surtout en ce début d’année.
Liquidités en devises étrangères
Pour ceux qui veulent conserver des liquidités dans une devise différente du franc suisse, les fonds monétaires n’offrent aucun intérêt en euros ou en dollars américains, pour les mêmes raisons que celles évoquées pour le franc suisse. En revanche, pour les monnaies qui bénéficient de taux d’intérêt élevés à court terme, comme c’est le cas actuellement du dollar australien, il en va tout différemment.
Ainsi, explique Olivier Maillard, responsable de la gestion de fortune auprès de la Banque Cantonale de Fribourg : «En période de taux élevés, les banques ne vont jamais offrir une rémunération aussi importante sur Ies comptes que celle qui est servie sur le papier monétaire. Dans le cas particulier du dollar australien, le client ne sera pratiquement pas rémunéré avec un compte dans cette devise, alors que le taux sur le fonds monétaire se situe entre 2,5% et 3%.» Donc, même en tenant compte des frais et droits de garde, l’investisseur qui veut conserver des dollars australiens sera largement gagnant en privilégiant les fonds monétaires à un compte bancaire dans cette devise.