FORMATION. Entre le 14 mai et le 18 juin, «Le Temps» publie dans les pages du Lundi Finance quatre extraits de la 3e édition du «Guide de l’investisseur». Les prochains extraits de cet ouvrage*, coédité par «Le Temps», aborderont les obligations et les produits structurés.

Le rêve de tout investisseur, c’est d’être capable d’acheter au plus bas pour revendre ensuite au plus haut. Cette technique qu’on appelle le market timing doit être considérée avec beaucoup de prudence, car les erreurs se paient cher en termes de rendement.

Le «market timing»

L’approche traditionnelle pour investir en actions est réalisée en deux temps: vous évaluez tout d’abord le marché dans son ensemble, puis, si son multiple paraît raisonnable, vous choisissez des titres individuels. Cette méthode est appelée top down, puisqu’elle repose sur une analyse descendante.

Si vous cherchez à acheter les titres au plus bas, il vous faudra non seulement évaluer les prévisions de bénéfices de la société, mais aussi anticiper les retournements de marché pour n’entrer que dans les creux et sortir au plus haut. Le plus souvent, malheureusement, vous risquez d’acheter au plus haut, dans l’euphorie ambiante, et de liquider vos positions quand le marché subit une correction, mais rebondit juste derrière.

Par ailleurs, n’oubliez jamais que pour tout acheteur, il y a un vendeur. Êtes-vous sûr d’être du bon côté de la transaction? Ne négligez pas non plus les coûts de négociations qui s’avèrent lourds lorsqu’ils s’ajoutent aux pertes enregistrées. Pour mettre un peu de baume sur votre ego, sachez que même les professionnels, armés de multiples sources d’informations et de moyens considérables, se trompent souvent eux aussi. Car il ne s’agit pas seulement de savoir si un marché est trop monté, mais quand il va corriger et avec quelle ampleur. En fait, un certain nombre de professionnels estiment qu’il est impossible de prévoir à court terme les mouvements du marché. Cette conclusion est d’autant plus troublante que les erreurs de timing pénalisent nettement la performance.

Stratégie alternative

Que faire si l’on renonce au market timing? Comme le suggèrent certains adversaires de cette politique, l’idée est de rester investi le plus longtemps possible. C’est la stratégie dite du buy and hold (acheter et garder). Pas en achetant n’importe quoi, mais en choisissant soigneusement quelques sociétés pour garder leurs titres sur le long terme. Le grand avantage est d’éviter les frais de transactions et d’engranger les fortes plus-values que les actions de belles sociétés accumulent au fil des années. Mais la méthode du buy andhold a, elle aussi, ses limites. Car, outre qu’il faille identifier les titres porteurs non pas à cinq ans, mais à dix ou vingt ans de terme, une telle politique peut entraîner une concentration des risques sur quelques valeurs. Il est vrai cependant que l’essentiel des bénéfices de la diversification peut être atteint à partir d’une dizaine de titres.

Stratégie mixte

Comme on le voit (graphiques ci-contre), ni le market timing, ni la méthode du buy and hold pure n’étant des panacées, c’est vers l’utilisation de techniques intermédiaires qu’il faut se tourner pour réconcilier ces approches complètement opposées. L’usage d’options couvertes constitue par exemple un bon compromis pour améliorer ses performances en évitant des allers et retours coûteux et aléatoires lorsque le marché tend à faire du surplace.

Ce type de produit a d’ailleurs trouvé sa place de manière standardisée dans l’offre des produits structurés connaissant aujourd’hui un grand succès, sous la forme de reverse convertible par exemple. Mais ces produits suscitent la controverse, car ils sont souvent difficiles à comprendre et ont la réputation d’être coûteux*.