Comment faire pour se lancer dans l’electronic banking et le boursicotage en ligne? Guide et tests des principaux sites suisses.

Tout excité à l’idée de pouvoir vous lancer dans l’enfer du jeu boursier, vous êtes prêt à vous enregistrer auprès d’un Youtrade ou d’e-sider.com. Mais, même s’il s’agit d’un monde virtuel, il faudra au préalable vous confronter à de basses considérations matérielles informatiques. Or rien n’est jamais vraiment simple lorsqu’il s’agit d’installer un quelconque périphérique ou une nouvelle application un tant soit peu complexe. Il faudra d’abord disposer d’un ordinateur, de préférence un PC, d’une liaison Internet et d’un modem suffisamment rapide (56k paraît vraiment le minimum) ou d’un accès ISDN si possible pour ne pas avoir à faire le pied de grue trop longtemps à chaque changement de page. Si vous êtes ainsi outillé, votre prochaine étape sera de vous faire enregistrer, en ouvrant un compte auprès de la banque ou du broker dont le site vous intéresse.

L’étape technique

L’étape suivante peut réserver de nombreuses (mauvaises) surprises en raison des sécurités mises en place pour vous protéger contre toute intervention extérieure. Par exemple, le système de sécurité – secure net – qui nécessite l’installation d’un logiciel de cryptage des données sur l’ordinateur de l’utilisateur. Or, comme l’explique Alexander Derdic, de l’UBS, ce système qu’utilisait Telebanking UBS jusqu’au 1er octobre dernier, était source de multiples problèmes, suscitant les plaintes de nombreux clients qui ne parvenaient pas à l’installer. C’est pourquoi une technologie plus récente a pris sa place dans la nouvelle offre de l’UBS, sous la forme d’un certificat électronique qui évite ce chargement de logiciel, tout en assurant une sécurité tout aussi grande.

Cette technologie est également utilisée par la Banque Cantonale Vaudoise, pour le discount brokerage on-line, e-sider.com. A relever que Youtrade utilise une application Java qui ne nécessite pas un tel logiciel de sécurité additionnelle, car il lui est déjà intégré. Mais cette application, relativement longue à installer, comme l’explique Alfonso von Wunschheim, consultant en informatique, peut constituer une gêne pour ceux qui veulent accéder à leur compte depuis des postes différents. A l’instar de Direct Net, Youtrade peut être installé soit avec une application Java, soit avec une version HTML. Paradoxalement, pour l’utilisateur moyen qui a vraiment besoin de banking on-line, l’étape technique sera sans doute la plus difficile.

Pour commencer par les sites les plus médiatiques, nous avons essayé l’incontournable Youtrade. A relever, avant de se plonger dans cette aventure virtuelle, que ces tests ont été réalisés essentiellement auprès des fournisseurs des services. Ce qui n’a pas empêché la «plantée» des ordinateurs utilisés à plusieurs reprises durant ces présentations. Comme quoi

Donc, lorsque vous êtes enregistré, vous pourrez entrer dans le programme, après avoir introduit le numéro de votre contrat, votre mot de passe et un chiffre de sécurité généré par une calculette fournie par le Credit Suisse. Après avoir été accepté par Youtrade, vous accédez à un second menu, qui vous propose de choisir entre trois sous-menus: trading, market et support. Avant d’aller faire votre marché, vous pouvez aller consulter votre compte, en cliquant sur «positions» du sous-menu «trading» qui va vous indiquer l’état de votre situation financière et de votre dépôt, ou encore contrôler l’état de votre crédit lombard disponible ainsi que votre pouvoir d’achat. A partir de là, vous pouvez faire votre recherche pour savoir quoi acheter ou vendre. Pour ce faire, vous devez aller dans le sous-menu «market», toujours dans la même page où vous pourrez accéder à de multiples informations, sur ce titre particulier et sur l’évolution de son cours, en temps réel, avec graphiques et indications des volumes. Si vous vous décidez, par exemple, à acheter 5 titres Nestlé, vous revenez dans le sous-menu «trading», où vous cliquerez sur «achat». Vous pourrez alors introduire votre ordre, en spécifiant le montant, le type d’ordre, limité ou au mieux, et la validité. Et ce sera tout. A relever que votre ordre ne sera accepté que s’il est couvert par le montant de votre compte et le crédit lombard dont vous pourriez déjà disposer. L’exécution de votre ordre ne dépendra alors plus que de la liquidité du marché. S’il s’agit de titres avec peu de volume, ou si votre limite est nettement au-dessus ou au-dessous de ce qui est traité sur le marché, votre ordre peut rester en suspens un certain temps avant d’être exécuté. Pour savoir ce qu’il advient de vos ordres, vous avez la fonction «ordres» dans le sous-menu «trading», qui vous donne le détail des ordres qui ont été saisis, mais qui n’ont pas encore été exécutés. Lorsque la transaction a eu lieu, votre compte est recalculé pour tenir compte de l’opération et évaluer votre nouveau pouvoir d’achat, en fonction du crédit lombard.

Impression générale: simple à utiliser, présentation très sobre, informations nombreuses sans toutefois noyer l’utilisateur. Seul défaut pour le surfeur occasionnel, on ne peut rien obtenir de ce site sans ouvrir un compte d’au moins 1000 francs suisses.

Si l’on se tourne maintenant du côté du concurrent e-sider.com de la BCV, on constate une grande proximité conceptuelle avec Youtrade. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque le site du Credit Suisse s’inspire lui-même des sites américains, qui possèdent une déjà une longue expérience (en années Internet). Nous avons également testé le Fund lab du Credit Suisse, (www.cspb.com/fundlab) qui constitue pour l’instant un instrument unique sur le marché suisse de présentation de fonds de placement. Après avoir indiqué son pays de résidence, on peut accéder directement à la page de sélection des fonds selon la classe d’actifs, le secteur, la monnaie, la zone géographique, le domicile. La démonstration est toutefois moins probante qu’il n’y paraît, puisqu’il nous a été indiqué au CS Private Banking qu’en réalité la sélection ne pouvait être réalisée qu’à partir des deux premiers critères, soit classes d’actifs et secteurs. Lorsque cette sélection très générale est réalisée, vous arrivez sur la liste des fonds de placement classés en fonction de la performance sur trois ans, avec l’indication pour chacun des fonds de mesures classiques telles que les performances sur un an et cinq ans, le ratio de Sharpe, le type d’actifs, la région géographique ou encore la direction du fonds, ainsi qu’un rating Credit Suisse, qui indique le rapport risque/rendement du fonds concerné.

Si vous vous décidez pour un fonds quelconque, vous obtiendrez au niveau suivant un résumé des conditions pour chaque fonds, frais, fortune sous gestion, profil de risque, chart par rapport à son indice de référence.
L’impression qui se dégage de ce produit, c’est qu’il doit encore s’améliorer pour tenir ses promesses. Sinon, le principe, simple, devrait faire école en Europe, comme il l’a déjà fait aux Etats-Unis.

L’internaute comme employé de banque

Pour l’electronic banking, nous avons testé le site de la BCV (www.bcv.ch). Sans entrer dans ses détails, il est à noter que ce site est largement public, ce qui, somme toute, est assez normal puisqu’il permet à la banque de présenter ses prestations, sous la forme de menus descendants tout à fait habituels. Celui qui dispose d’un compte doit bien évidemment s’identifier au moyen d’un mot de passe et d’un code généré par une calculette. Dès lors qu’on a été accepté, on peut procéder à toutes les opérations bancaires. Par exemple remplir un bulletin de versement, qui apparaît à l’écran, avec les plages à remplir, qu’on doit ensuite valider pour confirmer l’ordre. Un tel produit ne suscite pas franchement un enthousiasme délirant, car lorsque vous intervenez directement de cette manière, vous vous transformez, momentanément, en employé de banque. Mais, question transparence, c’est idéal. Le Credit Suisse propose un produit assez similaire, baptisé Direct Net. En résumé, tant qu’il reste aussi simple et bon marché d’envoyer ses bulletins de versement par la poste pour effectuer ses paiements, on ne voit pas pourquoi s’embarquer dans une telle aventure. Mais le produit paraît tout de même assez plaisant, au point que la revue «Forbes» l’a consacré comme son meilleur site bancaire.

Cinq sites au banc d’essai

Youtrade (www.youtrade.com)

Points forts: Simplicité d’accès à la Bourse Suisse et clarté des indications fournies pour exécuter les ordres et suivre le cours des transactions, tout en permettant de consulter les cotations des titres des principales places financières. Exécution rapide et en temps réel.

Points faibles: Accès à un nombre insuffisant de marchés (Bourses Suisse et américaine seulement).

E-sider.com (www.e-sider.com)

Points forts: Simplicité, clarté de l’information. L’utilisateur peut à tout moment contrôler l’état de son compte, l’état de ses ordres non exécutés et celui de son portefeuille, ainsi que les cours en temps réels. Outre les cours des titres des autres principales places financières, e-sider.com bénéficie de nouvelles financières provenant de la société AFX, joint-venture entre l’AFP et le «Financial Times». Trilingue: français, allemand, anglais.

Points faibles: Accès uniquement à la Bourse Suisse.

Direct Net (www.credit-suisse.ch/directnet/)

Points forts: Simplicité d’utilisation par une suite de menus déroulants, en présentant toutes les prestations proposées par le Credit Suisse, soit les opérations habituelles de trafic de paiements interbancaires, avec La Poste, de transferts de fichiers, de consultations de son compte, etc. Possibilité de personnaliser sa page de garde, en sélectionnant uniquement les informations liées qui vous intéressent.

Points faibles: Transactions sur les titres à coûts réduits par rapport au courtage classique.

Site BCV (www.bcv.ch)

Points forts: Simplicité de la présentation des prestations de la Banque Cantonale Vaudoise. Palette complète des possibilités pour procéder à toutes les transactions bancaires classiques, soit consultation de comptes, trafic de paiements, transferts de fichiers, etc. La personnalisation est également possible.

Points faibles: Fonctionne laborieusement avec Macintosh.

Fundlab.ch (www.cspb.com/fundlab/)

Points forts: Simplicité du concept. Originalité de la démarche. Large palette de fonds et nombreux critères de sélection. Accès libre.

Points faibles: Critères d’évaluation des fonds reposant sur des critères non expliqués. Fonction de sélection des fonds peu efficace puisqu’on ne peut aller au-delà de deux sur cinq.