Après une décennie perdue, les hedge funds ont retrouvé en 2022 l’environnement agité qui leur convient si bien.

Qu’est-ce qu’un hedge fund?

La définition n’est pas forcément aisée, car il ne s’agit pas d’une classe d’actifs, estime Fredrik Langenskiöld, spécialiste des investissements alternatifs auprès de l’Union Bancaire Privée (UBP), « contrairement à une idée reçue ». En fait, ce concept recouvre des stratégies d’investissement qui peuvent utiliser toutes les classes d’actifs

On recense quatre catégories : « La stratégie long-short, qui vise à acheter des actions considérées comme sous-évaluées et en vendant à découvert des titres surévalués ; la valeur relative, qui revient à profiter de différentiels de prix ou de taux jugés anormaux ; global macro, qui consiste à tirer parti des grands déséquilibres macroéconomiques et de leurs effets sur les marchés, qu’on différencie, d’une part, en stratégies discrétionnaires, basées sur des analyses économiques et, d’autre part, en stratégies systématiques, qui utilisent des algorithmes ; les stratégies de type événementiel, qui cherchent à profiter d’événements majeurs dans la vie des sociétés, telle une opération de fusion-acquisition, une faillite, etc. »

La palme revient à global macro et valeur relative
Comme on le constate sur ces trois graphiques, les hedge funds se sont mieux comporté qu’un portefeuille équilibré (60% actions / 40% obligations) jusqu’à la crise de 2008, puis moins bien jusqu’au redressement de 2022.

Source : UBP/ Hedge Fund Research Inc, Bloomberg

Retour en grâce en 2022

Jusqu’à la crise de 2008, les différentes stratégies de hedge funds affichaient globalement des performances supérieures à celle d’un portefeuille équilibré, c’est-à-dire composé à 60% d’actions et à 40% d’obligations, comme on le voit dans le graphique ci-contre.

« Néanmoins, avec une décennie marquée par l’intervention massive des banques centrales qui ont fait tomber les taux d’intérêt à quasiment zéro et monter les marchés actions à l’unisson, poursuit notre expert, ces stratégies se sont moins bien comporté que le portefeuille équilibré jusqu’à fin 2021. Mais avec le retour de l’inflation et le resserrement monétaire des instituts d’émission, l’environnement nettement plus volatil est redevenu favorable à la gestion alternative, au point que l’an dernier les stratégies macro et valeur relative ont largement battu le portefeuille équilibré. La moindre performance des stratégies long-short s’explique par le biais actions porté par de nombreux fonds de cette catégorie, c’est-à-dire une grande sensibilité au marché des actions. »

Transparence accrue et baisse des frais

Le retour en grâce des hedge funds a par ailleurs été favorisé par les efforts des promoteurs de fonds pour accroître la transparence, mais également en raison de la réglementation. « C’est ainsi, poursuit notre interlocuteur, que de plus en plus de hedge funds sont disponibles en UCITS, c’est-à-dire sous le format européen, ce qui permet l’investissement dans des stratégies alternatives avec des liquidités quotidiennes ou hebdomadaires. Par ailleurs, ces fonds ne sont plus réservés à de gros investisseurs, mais sont accessibles au même titre que les fonds traditionnels. Les frais ont également été revus nettement à la baisse. Alors qu’avant la crise de 2008, la règle était de 2% de frais de gestion et de 20% de participation à la performance, ces chiffres ont sensiblement diminué : les nouveaux fonds ont ainsi réduit leurs exigences, en moyenne, à respectivement 1% et 10% environ. Il en va de même avec la couche de frais supplémentaires des fonds de fonds UCITS qui n’est plus que d’environ 0,75% contre plus de 1% avant 2008.»

Perspectives

Les performances des hedge funds ne constituent-elles qu’un feu de paille ou sont-elles destinées à durer ? Tout dépend de l’évolution économique, comme le détaille notre spécialiste : « Nous pensons que l’environnement actuel va persister un certain temps, mais avec un ralentissement de l’inflation. Les taux d’intérêt devraient donc rester positifs. Dans cette perspective, il faut s’attendre à une augmentation du taux de défaut pour les entreprises les plus faibles, entraînant une discrimination entre les bonnes et les mauvaises sociétés au cours de ces prochaines années. Les stratégies qui nous paraissent offrir le plus de valeur ajoutée, à l’instar de ce qui s’est produit en 2022, sont toujours global macro et valeur relative. Si l’investisseur individuel a aujourd’hui un accès direct aux hedge funds, il peut se trouver dans l’embarras pour faire ses choix. Pour ce type de profil, investir par le biais de fonds de hedge funds, pourrait être plus judicieux, permettant ainsi d’obtenir une exposition diversifiée. »