Après une année 2014 éblouissante, où les marchés des actions ont connu de fortes hausses, le réveil a été brutal pour la bourse suisse. L’abandon du taux plancher à 1,20 franc pour 1 euro par la Banque nationale suisse à mi-janvier a créé un électrochoc, entraînant simultanément la quasi-parité entre les deux devises et un krach boursier. Les prévisions de récession se sont multipliées.

Malgré ces sombres perspectives, le marché suisse des actions pourrait tout de même bien s’en sortir, si l’on en croit certains analystes, en raison des taux d’intérêt négatifs. Quant aux économies européennes, si la prochaine ouverture des vannes monétaires a suscité de multiples interrogations, beaucoup s’accordent à voir les marchés financiers en profiter largement, tant d’actions que d’obligations. Au grand avantage des investisseurs.

Si l’on est convaincu par cette analyse, on pourrait imaginer qu’il suffirait d’investir passivement sur ces différents marchés pour en profiter. Comment? En utilisant par exemple différents fonds indiciels cotés en bourse, les fameux Exchange Traded Funds (ETF), qui suivent très fidèlement un indice boursier et qui sont accessibles à tout investisseur. En lieu et place de parts de fonds de placement gérés activement. Cela permettrait à l’investisseur d’éviter leurs coûts de gestion élevés et la tâche difficile de dénicher les perles rares qui battront les marchés.

Paradoxalement, sous ses apparences de simplicité, la gestion indicielle exige des connaissances approfondies en finance et entraîne la multiplication de prises de décision. Si l’individu est déjà aguerri à la gestion de fortune, qu’il connaît son profil de risque, c’est-à-dire sa capacité à encaisser les turbulences sur les marchés tant sur le plan financier que psychologique, sa recherche en sera grandement facilitée. Mais il ne pourra faire l’économie de l’analyse du secteur sur lequel il veut s’exposer, en se méfiant des pronostics des experts.

S’il a fait ses devoirs et a pu se persuader du potentiel du marché et de son risque, l’investisseur soi-disant passif fait donc un choix. Puis il doit prendre une nouvelle décision pour se déterminer entre des produits indiciels aux contours parfois tortueux. Par quelle technique le fonds va-t-il suivre son indice sous-jacent? Quels sont les risques qui lui sont associés? Quels seront les coûts de transactions?

Finalement, cette démarche rationnelle s’apparente furieusement à une gestion active, brouillant ainsi les frontières entre les deux approches. Et c’est d’ailleurs bien la tendance que l’on observe sur les marchés où nombre de gérants actifs ont intégré les produits indiciels dans la constitution de leurs portefeuilles, comme c’est le cas depuis longtemps dans la gestion institutionnelle, pour profiter de leurs avantages: par exemple pour faciliter l’accès à certains marchés ou simplifier la gestion de leurs liquidités.