Les promoteurs de fonds de placement ont souvent été accusés dans le passé, et sans doute avec une certaine raison, d’en tirer de juteux profits. Heureusement, la transparence s’est accrue ces dernières années, notamment avec les directives de l’Association suisse des fonds de placement qui enjoignent la publication du TER, acronyme pour le célèbre Total Expense Ratio. Exprimé en pourcentage de la fortune nette moyenne du fonds, le TER vise à englober tous les frais variables prélevés dans le cadre de l’administration des fonds, dont la commission de gestion représente la part la plus importante. En revanche, le TER n’inclut pas les frais de courtage sur les mouvements à l’intérieur du portefeuille.
Le TER n’est pas engagement formel: c’est un taux effectif réalisé sur la base du dernier exercice, contrairement à l’all-in-fee, qu’utilise notamment UBS. Cette méthode de calcul constitue en effet une promesse de ne pas dépasser un certain pourcentage de frais: il s’agit donc d’un taux forfaitaire. Mais, là aussi, l’all-in-fee n’inclut pas certains frais, comme les coûts de transaction sur devises.
Par ailleurs, le TER ne contient pas les commissions d’émission. Ce qui est parfaitement logique puisque ces dépenses sont d’une autre nature: il s’agit de frais fixes, prélevés une seule fois et donc payés directement par l’acquéreur, contrairement aux frais variables inclus dans le TER. En outre, la commission d’émission dépend du distributeur. C’est pourquoi il est possible que Credit Suisse vende un de ses propres fonds actions avec une commission d’émission de 2% et que ce même produit puisse être souscrit avec une commission de 0,5% sur la banque en ligne Swissquote par exemple! La limite maximale de cette commission – qui peut aller jusqu’à 5% – figure dans le règlement ou dans le prospectus du fonds. Inutile de dire qu’il faut que le distributeur apporte une sacrée plus-value pour qu’on lui accorde une commission aussi élevée!
Alors que ce sont les frais variables qui sont importants pour ceux qui investissent sur le moyen ou long terme, la commission d’émission devient en revanche un critère de choix décisif pour celui qui fait tourner rapidement son portefeuille. Dans ce cas, l’investisseur a grand intérêt à passer par un courtier en ligne offrant des tarifs très avantageux.
Si la commission d’émission va déterminer le choix du distributeur, en quoi les frais comptabilisés par le TER vont-ils influer sur la décision de l’investisseur? Car, finalement, ce qui compte c’est la performance nette, celle qui est effectivement publiée, dont les frais connus ou cachés ont déjà été débités. En fait, l’enjeu, ce sont les performances futures.
Supposons qu’on a sélectionné deux produits, gérés activement, appartenant à la même catégorie, sur le même marché et de même style, et qu’ils ont dégagé la même performance sur le long terme (corrigé du risque). Le seul point qui les distingue, c’est leur TER. Lequel choisir?
La réponse est moins évidente qu’il n’y paraît. On peut se décider pour le fonds qui présente le TER le moins élevé dans l’idée que la chute éventuelle de la performance à l’avenir serait limitée par des frais moins lourds. Le raisonnement est séduisant, sauf qu’il pèche sur un point essentiel: cela revient à privilégier le fonds dont le gérant est le moins performant des deux… Il est peut-être plus judicieux de miser sur le bon cheval! D’autant qu’il est toujours possible de revendre ses parts de fonds si le gérant devient subitement mauvais ou quitte l’établissement.
Si l’on sort de ce cadre théorique et que l’on revient à la réalité, avec des fonds qui ne sont jamais parfaitement comparables, faire entrer le TER dans l’analyse devient une véritable gageure, à moins qu’il ne s’agisse de fonds indiciels. Pour un investisseur individuel, l’attention devrait donc surtout se concentrer sur le critère des commissions d’émission, qui permet facilement de retenir la solution adéquate.