Aled Smith, le gérant du M & G Global Leaders Fund depuis 2002, a affiché des résultats qui l’ont placé en tête des meilleurs gestionnaires de fonds distribués en Suisse par Citywire.

Mathématicien de formation, Aled Smith s’est tout de suite tourné vers le monde des affaires, notamment chez Coopers & Lybrand et JP Morgan, avant de rejoindre M & G.

Le Temps: Vous gérez votre fonds selon une pure stratégie bottom-up, à l’échelle mondiale, en recherchant les sociétés sous-évaluées. Vous affirmez l’originalité de votre démarche, mais en quoi l’est-elle?

Aled Smith: Fondamentalement, le fonds achète des sociétés qui ont adopté de nouvelles stratégies, avec une nouvelle direction, pour améliorer leur rentabilité, avant que le marché ait complètement apprécié ce changement. Le but étant de distinguer ce qui relève d’un changement structurel de causes conjoncturelles. L’originalité de notre approche, c’est le recours à de nombreux raccourcis que vous ne pouviez utiliser il y a 20 ans. C’est ainsi qu’à la place d’avoir une multitude d’analystes pour chaque activité, nous utilisons une puissante base de données – HOLT – qui nous fournit non seulement une foule d’informations comptables sur 18000 sociétés, mais également leur historique sur 50 ans. En outre, la base fournit les valeurs normalisées de rendement du cash-flow sur l’investissement (cash-flow return on investment, CFROI) de chaque société, avec leur évolution graphique. Ce qui rend la lecture de ces données très aisée.

– Comment utilisez-vous ces données?

– Le principe de base est très simple: il faut, d’une part, que la société dégage un CFROI supérieur au coût du capital et, d’autre part, que sa direction ait une stratégie et une capacité à la mettre en place pour assurer la croissance future. De cette manière, la société peut bénéficier d’une sorte de cercle vertueux: le rendement élevé peut ainsi être réinvesti au même taux dans la société, générant par là de la valeur pour l’actionnaire.

– Comment calculez-vous le coût du capital?

– Il existe des manières très compliquées de le calculer, mais qui ne présentent pas d’intérêt. Nous prenons comme coût du capital pour rémunérer les actions un
montant allant de 5% à 6%, selon la taille de la société et le risque de liquidité. Ces valeurs sont plus ou moins stables dans le temps.

– La grande majorité des fonds subit la loi du retour vers la moyenne, en cas de succès comme d’échec, en raison des facteurs aléatoires à l’origine de la performance. N’êtes-vous pas condamné à vous subir tôt ou tard cette loi?

– Je pense que la chance ne joue pas de rôle dans notre succès, parce qu’il s’agit d’un processus d’investissement qui porte sur un grand nombre de sociétés. Ainsi, sur les 70 entreprises dans lesquels j’investis, 5 vont rapporter beaucoup, 5 vont perdre beaucoup, et les 60 autres vont produire chacune un peu de bénéfice. Il s’agit donc d’une question de probabilités. Car mon travail consiste à exploiter les inefficiences du marché: si tous les titres ont une probabilité de 50% de monter et de 50% de descendre, on peut améliorer cette probabilité si l’on sait que la société a mis en place une nouvelle direction et a adopté une nouvelle stratégie. Par exemple, si nous pouvons établir que les chances de hausse sont de deux pour un, nous allons réaliser l’investissement.

Notre approche n’a ainsi rien à voir avec de la prévision, qui est un jeu de dupes! C’est la raison pour laquelle je suis très hostile au concept de PE ratio, car il repose sur des anticipations de bénéfices.

– Avec un fonds qui investit à l’échelle planétaire, comment gérez-vous le risque de change?

– Nous ne couvrons pas le risque de change. En effet, nos investissements sont largement diversifiés sur le plan géographique, avec 40% en Amérique du Nord, 30% en Asie et 30% en Europe, correspondant aux poids économiques de ces différentes régions et des différents secteurs. Je pense que les variations de change se compensent à long terme.

Fiche signalétique

Numéro de valeur: 1404708

Promoteur: M & G Investments

Domicile: Royaume-Uni

Date de création: 12 janvier 2001

Monnaie de référence: euro

Pol. de distribution: capitalisation

Taille du fonds: 1,698 milliard d’euros (31.8.07)

VNI: 15,30 euros (27.9.07)

Performance annualisée depuis la création du fonds: 5,5%

TER: 1,91%

Frais de gestion: 1,75%

Principales positions du fonds (27.9.07):
Sumitomo Chemical (2,1%); Hess (2,0%); SK Energy (2,0%); Astellas Pharmaceuticals 2,0%; Shanghai Industrial (1,9%); Bluescope Steel (1,8%); Norsk Hydro (1,8%); Schering-Plough (1,8%); FMC (1,7%); Akzo Nobel (1,7%).