Frédéric Lebel est responsable de la sélection des hedge funds au sein de LODH depuis 10 ans. Il était particulièrement destiné à gérer un fonds sur l’Amérique latine car il voyage régulièrement à titre privé dans cette région du monde depuis une quinzaine d’années.

Le Temps: Pourquoi avez-vous lancé un fonds de hedge funds long-short sur l’Amérique latine?

Frédéric Lebel: Il y a trois raisons au moins qui justifient la décision d’investir en Amérique latine. Premièrement, la qualité des gérants que l’on peut y trouver et qui parviennent à préserver le capital de leurs clients tout en étant capables de saisir des opportunités attrayantes.

Ensuite, l’environnement macroéconomique, une inflation sous contrôle, et des conditions-cadres devenues très favorables. Enfin, cela nous permet d’investir hors des sentiers battus, tels que les marchés asiatiques. Quant au choix du véhicule de placement, il nous donne la possibilité de prendre part à des marchés historiquement très volatils et en très forte hausse depuis plusieurs années, en réduisant les risques de perte. Le principe est donc de participer aux deux tiers de la hausse contre un tiers de la baisse.

– Sur ces marchés d’actions, qu’est-ce qu’on peut vendre à découvert?

– Tout d’abord les ADR (American Deposit Receipt), c’est-à-dire tous les titres qui sont cotés à New York, soit environ 110 actions. Ces valeurs sont extrêmement liquides. La capitalisation de certaines d’entre elles dépasse la centaine de milliards de dollars. Puis, vous avez les dérivés sur indices qui sont également très liquides sur les marchés brésilien et mexicain. Mais il y a évidemment moins de titres locaux à shorter qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Ce qui implique que vous êtes limités pour diversifier la partie short de votre portefeuille.

– Mais n’est-ce pas là un sérieux handicap pour une gestion efficace?

– Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il s’agit de marchés très volatils. Quand ils se retournent, ce n’est pas de 1 ou de 2%, mais plutôt de 20%! Dans ces conditions, il est beaucoup plus efficace de réduire votre exposition totale, en vendant les positions longues et en vous mettant en cash, plutôt qu’en vendant à découvert. En moyenne, notre position est 65% long et 35% short, c’est-à-dire que l’exposition nette longue est de 30-35%.

– La faiblesse du stock disponible de titres à shorter ne constitue-t-elle pas une source de risques pour les emprunteurs?

– Tout à fait, à cause du risque de rappel des titres empruntés. Et cela se produit souvent au mois d’avril car c’est la période des assemblées générales. Les propriétaires des titres sont alors intéressés à les récupérer pour pouvoir exercer leurs droits de vote. Dans ce cas, avec des titres au capital flottant limité, il peut être très difficile de trouver des titres de remplacement. Il y a donc un vrai risque de squeeze! Heureusement, ce phénomène ne se produit pas sur les ADR. Par ailleurs, le développement de la gestion indicée réduit progressivement ce risque. Les gérants qui suivent un benchmark sont en effet ravis de prêter leurs titres et n’ont aucune raison de les rappeler avant l’échéance.

– Qu’en est-il du risque de change?

– Le risque monnaie existe et est géré de manière opportuniste par les gérants sous-jacents. En d’autres termes, cela veut dire qu’il n’est pas couvert systématiquement. On peut avancer les deux raisons suivantes pour limiter la couverture de change, en prenant le cas du real brésilien, puisque c’est au Brésil qu’est réalisée la majeure partie des investissements: la première raison, c’est que la monnaie brésilienne est en forte hausse grâce à l’amélioration des conditions-cadres, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis. Etant donné que les taux d’intérêt sur le real sont nettement plus élevés que sur le dollar, la couverture du risque real reviendrait à payer un différentiel de taux de l’ordre de 6,5 à 7% par an, alors que ce serait plutôt le risque dollar qu’il faudrait couvrir! L’autre raison tient à ce que les 18 fonds qui composent notre fonds sont offshore. Ainsi, le cash est toujours libellé en dollars. Ce qui explique que le risque de change est couvert de manière prépondérante.

Fiche signalétique

No de valeur: 2540202

Promoteur: LODH

Domicile: Luxembourg

Date de création: mai 2006

Monnaie de référence: USD

Pol. de distribution: capitalisation

Taille du fonds: USD 295 millions

VNI: USD 1’277.83 (au 30.06.07)

Perf. annualisée depuis création du fonds: 27,78% (au 31.05.07)

TER: 1,76% (au 31.12.06)

Frais (de gestion): 1,5% par an

Principales positions du fonds

(au 31.05.07): Tarpon HG Small Caps (7,8%); Gavea (7,6%); Pionero (7,3%); Skopos (6,3%); ARX Multistrat (6,1%); QI Global (6%); HG Strategy L/S (5,7%); JBP Focus (5,6%); Altima Latam (5,3%); Fama (5,2%).