Lorsqu’on anticipe un marché des actions à l’évolution incertaine mais avec un risque de baisse limité, les très populaires Reverse Convertible à barrière constituent une solution intéressante.

Quelles sont les familles de produits structurés ?

Un produit structuré est un instrument financier qui combine un placement monétaire et des options pour en faire un produit distinct titrisé. Sa valeur de remboursement dépend de l’évolution du cours d’un ou de plusieurs sous-jacents. La Swiss Structured Product Association (SSPA) distingue deux grandes familles, soit les produits d’investissement et les produits à levier, qui sont des produits purement spéculatifs, tels des warrants avec leurs différentes variantes. Quant aux produits d’investissement, on peut les décomposer en produits de participation, qui répliquent l’évolution d’un panier de sous-jacents, les produits de protection du capital et enfin les produits d’optimisation de la performance.

C’est dans cette dernière catégorie que l’on trouve le Reverse Convertible à barrière, « le produit de loin le plus populaire » comme l’indique Gilles Corbel, qui a lancé le premier fonds de placement en Suisse sur les produits structurés, baptisé Finanzlab Multi Index Fund. Comme tout produit d’optimisation de la performance, le Reverse Convertible à barrière s’adresse à des investisseurs qui s’attendent à une stagnation et/ou à une légère hausse du sous-jacent.

Comment fonctionne un Reverse convertible à barrière ?
Pour un cours d’émission de 100 francs, le détenteur du produit structuré se verra rembourser son capital jusqu’à la barrière de 80 francs, en encaissant le coupon. Mais en deçà, il subira à plein l’effet de la baisse du sous-jacent.

Source : Gilles Corbel & Pierre Novello

Reverse Convertible à barrière

 Ce produit est une variante du Reverse convertible, c’est-à-dire un produit composé d’un placement monétaire et de la vente d’un put (option de vente) sur un actif financier. L’acheteur va ainsi renoncer à une partie de la hausse potentielle pour obtenir une protection à la baisse. Pour être plus concret, notre interlocuteur nous propose l’exemple suivant, avec sa représentation graphique sous la forme de payoff, comme on le voit ci-contre, où figurent en abscisse l’évolution potentielle du sous-jacent et, en ordonnée, celle des gains ou pertes sur le Reverse Convertible à barrière.

« Ce produit est émis sur une action Nestlé en franc suisse, d’une durée résiduelle d’un an, avec un coupon annuel de 5%. On suppose qu’à l’émission, le cours du sous-jacent est de 100 francs. Une barrière à la baisse a été fixée à 80 francs. Le rendement maximal d’un tel produit sera donc limité à 5%. Si le cours du sous-jacent reste supérieur à la barrière, c’est-à-dire 80 francs, le détenteur du produit structuré recevra 100% de son capital. En revanche, si le cours tombe en dessous de la barrière, il subira à plein l’effet de la baisse de l’action Nestlé, amorti cependant par la rémunération qu’il aura touchée. Le capital reste donc protégé aussi longtemps que la barrière de 80 francs n’est pas atteinte. »

 Les risques des produits structurés

 Quels sont les risques des produits structurés ? Ils sont de deux ordres : d’une part leur risque intrinsèque lié à l’évolution du sous-jacent, à moins qu’il ne s’agisse d’un produit de protection du capital. Par exemple, un Reverse Convertible sur une action peut donner l’impression qu’il ne s’agit que d’un simple produit à revenu fixe, alors qu’il est exposé à 100% à l’évolution de son sous-jacent ! « Ce risque est toutefois limité puisque le détenteur de ce type de produit encaissera de toute façon le coupon, et sera mieux loti que celui qui détient le sous-jacent si le cours de ce dernier tombe à zéro », précise notre spécialiste.

D’autre part, les produits structurés supportent un risque de crédit, car il s’agit d’un prêt accordé à l’émetteur (généralement une banque) : si ce dernier dépose son bilan, le prêteur peut tout perdre, comme l’a cruellement rappelé la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers en septembre 2008. « C’est pourquoi il faut examiner sa notation de crédit, qui doit être la plus élevée possible. Par ailleurs, il faut que la banque émettrice maintienne, en tant que teneur de marché, un écart raisonnable entre les cours d’offre et de demande (bid et ask) afin que les investisseurs puissent revendre en tout temps leurs produits dans de bonnes conditions. »

 Place dans les portefeuilles

 L’intérêt pour les produits structurés a longtemps été freiné par leur réputation de coûts élevés et d’opacité. Pour Gilles Corbel, c’est un débat dépassé : « Les frais sont transparents et connus lorsqu’on achète le produit ». Si l’on est convaincu par cette argumentation, on peut se demander quelle place les produits phares que sont les Reverse Convertible à barrière sur actions doivent-ils occuper dans son portefeuille ? « Il faudrait compter au moins 5% dans l’allocation actions, car en deçà cela n’a pas d’effet notable sur la performance. » Ce qui paraît beaucoup. Mais il est vrai que le marché des produits structurés connaît un fort développement en Suisse, de même qu’à l’étranger.

À l’appui de sa démonstration, notre expert met en avant le fait que chez Postfinance – symbole de la banque de détail – il est possible d’élaborer des produits structurés sur mesure à partir de 20’000 francs. Alors qu’auparavant il fallait compter au moins deux ou trois millions de francs. On rappellera que cette création sur mesure se distingue de la fabrication des produits structurés sous une forme standardisée et émis en série, qui sont souvent cotés en Bourse et évidemment accessibles pour des montants beaucoup plus modestes.