Prendre sa retraite avant l’âge légal constitue un rêve pour de nombreux actifs. Mais une telle décision devra être financée, car elle entraîne la baisse des rentes AVS et de celles du 2e pilier.
Pour savoir si l’on peut ou non se permettre de partir en retraite anticipée, il faudra calculer le sacrifice financier auquel on devra consentir. Il sera peut-être nécessaire d’accroître son épargne, en souscrivant par exemple des produits de 3e pilier lié ou libre, afin de disposer d’un supplément de revenus au terme de sa vie professionnelle.
Retraite à l’âge légal
Le départ en retraite avant l’âge légal entraîne la chute des rentes AVS et de celles de sa caisse de pensions au prorata des années d’anticipation. Pour illustrer notre propos, prenons tout d’abord le cas d’une salariée qui prend sa retraite normalement, à 64 ans. On suppose qu’elle a droit à une rente maximale AVS de 2’350 francs (chiffre 2015) par mois, tandis que l’avoir de vieillesse de son institution de prévoyance se monte à 300’000 francs. Pour déterminer la rente annuelle de son 2e pilier, on utilise un taux calculé sur l’avoir de vieillesse accumulé par l’assuré. Ce taux, qu’on appelle taux de conversion, s’élève à 6.8% en 2015. Sa rente annuelle se monte donc à 20’400 francs (= 6.8% × CHF 300’000), soit 1’700 francs par mois (= CHF 20’400 / 12). Au total, elle va recevoir chaque mois 4’050 francs (= CHF 2’350 + CHF 1’700) de rentes de vieillesse au titre de l’AVS et de son 2e pilier.
Retraite prise par anticipation
On suppose maintenant que cette employée parte en retraite à 63 ans. Déterminons le montant qu’elle va percevoir en cessant son activité professionnelle avec une année d’avance. Du côté de l’AVS, sa rente sera réduite de 6.8% jusqu’à la fin de ses jours, pour tomber à 2’190 francs (= CHF 2’350 x (100% – 6.8%)). Quant à la rente de son 2e pilier, le calcul est un peu plus compliqué. En effet, le départ anticipé va se traduire, d’une part, par une diminution de l’avoir de vieillesse, puisqu’il sera amputé de la dernière année de cotisations – employeur et employé – et de l’intérêt qui lui est crédité, et, d’autre part, par la réduction de son taux de conversion.
Supposons que son avoir de vieillesse n’atteigne que 280’000 francs lorsqu’elle a 63 ans, puisqu’il lui manque une année de cotisations et d’intérêt : sa rente est donc calculée sur ce montant et avec un taux de conversion inférieur, qui serait par exemple de 6.6%. La rente annuelle tombe alors à 18’480 francs (= 6.6% × CHF 280’000), soit 1’540 francs par mois (= CHF 18’480 / 12). Les rentes combinées de l’AVS et du 2e pilier n’atteignent donc plus que 3’730 francs (= CHF 2’190 + CHF 1’540) par mois, soit une perte de 320 francs (= CHF 4’050 – CHF 3’730) par rapport au départ à l’âge légal. En partant des mêmes hypothèses, on obtiendrait grosso modo le doublement de la réduction des rentes pour une personne prenant sa retraite avec deux ans d’anticipation.
Financement supplémentaire
Au-delà de cet exemple particulier, on comprend aisément qu’une retraite anticipée ne sera financièrement pas possible pour de nombreux actifs. Et même en partant à l’âge légal, les rentes peuvent s’avérer modestes. Il est ainsi vivement recommandé de souscrire des produits de 3e pilier lié, comme un compte de prévoyance, pour compléter ses moyens financiers à la retraite en profitant de substantielles économies fiscales.
Les questions soulevées par le départ en retraite anticipée
Espérance de vie : Suis-je en bonne santé ? Quel est mon risque d’atteindre un très âge ?
Financement : Est-ce que j’ai les moyens de combler la diminution à venir permanente des rentes AVS et du 2e pilier ?
AVS : Quel serait le montant des rentes auxquelles j’aurai droit en partant à l’âge légal ? A combien devrai-je renoncer en prenant ma retraite par anticipation ?
Prévoyance professionnelle : Quelle serait ma rente de 2e pilier en partant à l’âge légal ? Quel serait le montant à sacrifier en prenant ma retraite par avance ?
Capacité d’épargne : Est-ce que j’ai la possibilité d’augmenter mon épargne, en profitant en premier lieu du 3e pilier lié, ou de toute autre forme d’accumulation de capital fiscalement privilégiée ?
Prévoyance individuelle : Quelles seraient les économies fiscales à engranger en souscrivant des produits de 3e pilier lié ?