Malgré les aléas boursiers, contribuer volontairement aux avoirs retraite est rentable, sans compter les déductions fiscales.

Alors que la polémique fait rage autour du taux technique minimal de 4% de rémunération des capitaux de la prévoyance professionnelle, qui devrait passer à 3% selon la décision du Conseil fédéral, on peut se poser certaines questions sur l’intérêt, par exemple, de racheter des droits auprès de son 2e pilier. Cette stratégie vise à profiter des avantages fiscaux offerts dans le cadre de la prévoyance professionnelle pour ceux qui auraient la possibilité de contribuer volontairement à leur caisse de pension, pour améliorer leur retraite future et, dans certains cas, leur couverture en cas d’invalidité ou de décès.

Les candidats aux rachats de prestations sont par exemple les personnes qui rentrent de l’étranger et qui n’ont jamais cotisé, celles qui étaient indépendantes et qui sont engagées comme salariées dans une entreprise ou celles qui ont une augmentation de salaire substantielle et qui cotisent dans une institution de prévoyance en primauté des cotisations. Ou encore, les salariés qui changent d’employeur et de caisses de pension. La prestation de libre passage (ou de sortie) acquise dans l’ancienne institution sert alors à financer un rachat dans la nouvelle institution.

Avant de répondre à notre interrogation, il est important de rappeler que les caisses de pension se distinguent fondamentalement par le type de plan de prévoyance choisi, soit la primauté des prestations, soit la primauté des cotisations.

Dans le plan en primauté des prestations, les prestations sont fixées d’avance. On aura réglementairement par exemple une rente de retraite fixée à 60% du dernier salaire assuré pour une durée d’affiliation complète ou à 1,5% du dernier salaire assuré par année d’affiliation. Sur cette base, la caisse de pension calcule les cotisations dues pour maintenir cet objectif, en intégrant des hypothèses sur le rendement annuel moyen futur des capitaux investis et la croissance annuelle moyenne future des salaires.

Quant au plan en primauté des cotisations, il est basé sur les cotisations encaissées et fixées d’avance. La rente de retraite va être calculée sur l’avoir de vieillesse accumulé, constitué des cotisations d’épargne (ou bonifications de vieillesse) et du rendement des capitaux placés. Et c’est là qu’on retrouve le fameux taux d’intérêt crédité minimal de 4%.

Si la grande majorité des caisses de pension ont adopté des plans en primauté des cotisations, il reste actuellement 25% des institutions de prévoyance qui fonctionnent selon le système de la primauté des prestations. Parmi celles-ci, la plupart des caisses de pension publiques romandes.

Selon Meinrad Pittet, docteur en sciences actuarielles et expert agréé LPP, «la plupart des institutions de prévoyance en primauté des prestations que je connais appliquent sans problème un taux d’intérêt technique de 4%, voire, dans le secteur public, de 4,5% depuis de nombreuses années. Et les aléas boursiers à court terme tels que ceux que l’on enregistre actuellement ne devraient pas changer la donne du problème, ni dissuader les personnes qui souhaitent effectuer des rachats et qui peuvent encore le faire, en appréciant la rentabilité d’une telle opération également à l’aune des déductions fiscales qui lui sont associées».

Quant aux caisses en primauté des cotisations, la question à se poser avant d’effectuer un rachat, poursuit Meinrad Pittet, est de savoir si je vais obtenir une rentabilité globale plus élevée en plaçant mon capital auprès d’une institution financière qu’en rachetant des droits auprès de mon institution de prévoyance. Rentabilité qui devrait en cas de rachat, suite à la récente décision du Conseil fédéral, s’élever au minimum à 3%, sans tenir compte des avantages fiscaux, en tout cas sur la partie obligatoire. Celui ou celle qui souhaite prendre sa retraite sous forme de rente doit également considérer dans la comparaison le gain dû à l’amélioration progressive de la longévité humaine. Une rente calculée actuellement à raison de 7,2% (ou de 6,8% selon le projet de révision de la LPP) de l’avoir de vieillesse reste en effet favorable pour celui qui en bénéficie compte tenu de l’évolution future de son espérance de vie. L’assuré qui prendra sa retraite dans quinze ans bénéficiera certainement d’un taux de conversion moins favorable. Enfin, Meinrad Pittet rappelle que l’élément déterminant dans une caisse de pension en primauté des cotisations n’est pas le taux d’intérêt crédité considéré pour lui-même, mais l’écart annuel moyen entre ce taux et le taux annuel moyen de croissance du salaire assuré.

Ainsi, toujours selon Meinrad Pittet, «pour autant qu’on ait confiance dans la pérennité du système, il paraît de toute façon intéressant de procéder aux rachats lorsqu’ils sont possibles si l’on veut optimiser sa prévoyance».