L’année 2014 a été marquée par des chiffres record en volume de fonds et en nombre, ainsi que par le bouleversement de la hiérarchie des promoteurs après la reprise de Swisscanto par la Banque Cantonale de Zurich

Le marché suisse des fonds de placement aura battu un nouveau record en 2014 à près de 865 milliards de francs, en hausse de 15% par rapport à l’année précédente, selon les chiffres fournis par la Sfama (Swiss Funds & Asset Management Association) dans son communiqué de presse du 19 janvier. Selon Markus Fuchs, directeur de la Sfama, cette croissance s’explique par l’évolution «réjouissante» des marchés des actions sur l’ensemble de l’année, et parce que «des effondrements de cours des obligations du fait de taux toujours en baisse ont pu être évités». La hausse a été également alimentée par la confiance des investissseurs qui «ont une fois de plus placé de manière accrue dans les fonds».

Comme à fin décembre 2013, le palmarès des catégories de fonds les plus investis est resté inchangé: ces fonds en actions dominent toujours le marché, à 38,9%, suivis par les fonds obligataires, à 31%, les fonds stratégiques de placement, 12,2%, et enfin les fonds du marché monétaire, à 7,4%.

Autre record, celui du nombre de fonds autorisés à la distribution publique, qui a dépassé la barre des 8000, pour atteindre 8065 produits à fin septembre 2014, selon Sfama News, dans son édition d’hiver, publiée le 12 décembre dernier. Cette progression s’explique essentiellement par les fonds étrangers, l’Irlande et le Luxembourg ayant pu consolider leur position en tant que pays de domiciliation, en augmentation de 389 fonds, pour atteindre 6560. Les fonds de droit suisse ont également progressé au cours de la même période, de 58 unités, pour un total de 1505 fonds.

Swisscanto va devenir le 3e plus grand promoteur de fonds

A la fin de l’année dernière, l’annonce de la reprise intégrale de Swisscanto, fondé conjointement par les banques cantonales en 1993, par la Banque Cantonale de Zurich (BCZ), est venue bousculer la hiérarchie telle qu’elle apparaît encore pour 2014 dans le tableau ci-contre, publié par la Sfama le 19 janvier. Swisscanto était ainsi en 4e position, loin derrière les géants UBS et Credit Suisse, et juste après Pictet, suivie de près par BlackRock et la BCZ. Par cette opération, les activités du nouveau Swisscanto, en tant que promoteur de fonds de placement, passera de la 4e position, à la 3e, derrière UBS et Credit Suisse, mais devant Pictet.

Comme l’indiquait Swisscanto, la BCZ et l’Union des banques cantonales suisses dans un communiqué de presse commun le 11 décembre, «les compétences des banques cantonales dans les activités de placement, de gestion de fortune et de prévoyance seront rassemblées et les prestations complémentaires de Swisscanto et de la Zürcher Kantonal Bank regroupées». Ce qui donnera naissance, sous la marque Swisscanto, «au plus grand gestionnaire de fortune suisse pour la clientèle suisse avec 105 milliards d’actifs de clients sous gestion».

L’un des objectifs de la BCZ avec cette nouvelle entité combinée sera de disposer «d’une offre de service toujours axée sur les besoins des banques cantonales et renforcera sa position dans les activités de placement, de gestion de fortune et de prévoyance grâce à l’expansion de ses prestations.» Pour justifier cette opération, le communiqué met en avant l’évolution actuelle du marché, la pression concurrentielle accrue et des contraintes réglementaires plus strictes. D’une manière plus crue, un observateur comme Ermes Gallarotti, journaliste auprès de la Neue Zürcher Zeitung, parle de Swisscanto comme d’«une relique des temps anciens» dans un article du 12 décembre, où la gestion d’actifs privés et institutionnels était très rentable. Mais, aujourd’hui, seuls les plus gros acteurs ou les plus spécialisés sont bénéficiaires, comme BlackRock par exemple. Swisscanto avait un autre problème: l’infidélité de plusieurs grandes banques cantonales, qui ont commencé à développer leur propre gamme de produits. Le changement de structure était donc nécessaire pour faire face à une baisse des marges et à la fuite des clients.

ETF, un marché encore peu développé

Si l’on parle de plus en plus des Exchange Traded Funds (ETF), qui sont des fonds indiciels cotés en bourse devenus extrêmement populaires aux Etats-Unis, leur utilisation est encore limitée en Suisse, comme le révèle un sondage réalisé par l’institut GfK auprès de la population alémanique. En effet, seuls 7% des investisseurs y ont placé de l’argent. Ce qui est nettement plus faible que la part d’ETF d’actifs sous gestion allouée aux fonds européens, à hauteur de 20%, et dont la part tend à augmenter, comme l’indiquait l’agence de notation Fitch Ratings au début décembre. La Sfama relativise toutefois la modestie de ce chiffre en avançant le caractère novateur de ces fonds en Suisse. Autre argument pour anticiper le développement de ce marché: «Si l’on pense que les banques locales se sont montrées hésitantes à recommander les ETF au cours des premières années, parce qu’elles les considéraient comme une ­concurrence pour leurs fonds de placement internes, on peut se montrer confiants à l’égard de ces produits.»