Ce chiffre, établi sur la base des taux d’intérêt à fin 2018,  a été publié aujourd’hui par la société PPCMetrics dans sa cinquième étude* sur les caisses de pension. Cette enquête est basée sur les rapports annuels audités de 289 institutions de prévoyance, représentant une fortune de prévoyance de 649 milliards de francs et plus de 3,4 millions d’assurés. On est donc loin du taux actuel de 6,8%  pour le régime obligatoire, et même des 6% prévus le projet Prévoyance 2020 . En fait, le taux de conversion moyen, qui s’élève à 5,75%, s’avère donc encore nettement trop élevé.

Les assurés actifs subventionnent les rentiers

Cette différence, il faut évidemment la combler. C’est ainsi qu’à l’instar de l’année précédente, la rémunération des capitaux des rentiers (le taux d’intérêt technique) a une nouvelle fois été nettement supérieure à celle des capitaux de prévoyance des assurés actifs (taux d’intérêt crédité).  En d’autres termes, les actifs subventionnent les rentiers. Ce qui n’est pas forcément le principe sur lequel de base sur lequel est fondé le 2e piler, où chacun est censé cotiser pour sa propre retraite.

Accroissement de l’écart

Les auteurs de l’étude indiquent par ailleurs que cet écart s’est accru l’an dernier. En effet, le taux d’intérêt crédité moyen a nettement plus reculé (de 2,25% en 2017 à 1,38% en 2018) que le taux d’intérêt technique moyen au cours de la même période (de 2,06% à 1,99%).

Quant aux rendements absolus dégagés en 2018, ils varient entre -8,11% et 11,00%. Ce dernier chiffre surprend dans le contexte des rendements négatifs de 2018, mais s’explique par « des effets exceptionnels (tels que des réévaluations de biens immobiliers représentant une part importante de la fortune de prévoyance.) »

Baisse du degré de couverture sous risque

Cette évolution défavorable explique la nette baisse du degré de couverture sous risque. Cet instrument de mesure développé par PPCMetrics permet de neutraliser les différences de taux d’intérêt technique ainsi que de structure de caisse de pensions (part de rentiers), permettant ainsi une comparaison directe de différentes institutions de prévoyance. Ainsi, ce taux est passé de 102,4% (2017) à 89,0% (2018).    « Cette mesure signifie que les assurés actifs et éventuellement les employeurs doivent s’attendre à une possible diminution des prestations ou même à d’éventuelles mesures d’assainissement. » Voilà qui promet !

Grande variabilité des stratégies de placement

L’étude montre également l’éventail des stratégies de placement tels qu’ils sont utilisés par les caisses de pension. Les principales classes d’actifs ont les obligations en franc suisse, les actions internationales  et l’immobilier, comme on le voit sur le graphique ci-dessous. Leur répartition « varie fortement d’une institution de prévoyance à l’autre ». En période de taux nuls, voire négatifs, les choix de placement vont jouer un rôle crucial dans l’obtention du rendement.

Les grandes caisses plus performantes ?

Cette étude remet par ailleurs en question l’hypothèse que les grandes caisses détiennent un avantage comparatif sur les petites institutions de prévoyance. En effet, notent les experts : « Au cours des deux dernières années, les grandes caisses de pension n’ont, en moyenne, pas enregistré de meilleurs ou moins bons rendements absolus que les petites caisses de pension. » Ce n’est donc pas forcément du côté d’une concentration accrue des institutions de prévoyance que l’on trouvera la solution à la chute des rendements.

*2e pilier 2018 : analyse des rapports annuels des caisses de pension