Pour se couvrir contre un risque de baisse du marché à court terme, on peut vendre des financial futures sur l’indice le plus proche de la composition de son portefeuille actions.

Qu’est-ce qu’un financial future  ?

Un financial future est un contrat à terme sur un instrument financier, qui peut être une action individuelle, un taux d’intérêt, une devise ou encore un indice boursier. Étant donné qu’un indice boursier n’est qu’une valeur abstraite, reflet de la moyenne des cours d’un certain nombre de titres représentatifs, un future sur indice ne peut donner lieu à aucune livraison physique à l’échéance, mais seulement la contre-valeur en liquide du gain ou de la perte réalisée sur la transaction.

Dans la perspective d’une baisse du marché sur lequel on est investi, les futures sur indice peuvent ainsi s’avérer très utiles, comme l’explique Aurèle Storno, CIO de l’équipe de gestion multi-assets auprès de la banque Lombard Odier IM : « Au lieu d’être obligé de se défaire par exemple de la trentaine de positions sur le SMI, avec des coûts relativement élevés, il est nettement plus efficace de vendre des futures sur cet indice pour se protéger contre les pertes éventuelles qu’entraînerait la baisse du marché au comptant. On bénéficie ainsi de la très grande liquidité qui caractérise ce type de marché. En période de crise, la liquidité peut se réduire fortement sur les sous-jacents, entraînant des coûts d’exécution défavorables avec l’élargissement des spreads, c’est-à-dire l’écart entre les cours demandés et les cours offerts. »

Le gain sur le future pour compenser la perte au comptant

La vente du future sur indice sur le SMI aurait permis au détenteur d’un portefeuille d’une composition proche de cet indice de compenser la baisse de son sous-jacent entre avril et septembre 2022.

Source : Lombard Odier / Bloomberg

Exemple théorique

Pour être concret, notre interlocuteur a pris l’indice SMI sur la période allant d’octobre 2021 à septembre 2022, comme on le voit sur le graphique ci-contre (en noir). On y a également représenté l’évolution de son future arrivant à échéance en septembre 2022 (en rouge). On suppose qu’un investisseur qui dispose d’un portefeuille d’actions suisses d’une valeur d’environ 120 000 francs en avril 2022 craint une chute temporaire du marché suisse. Le 28 avril, le cours du future s’établit à 12 058, soit à un niveau quasi identique à celui de son sous-jacent. Comme chaque point d’indice vaut 10 francs, la valeur monétaire du future, c’est-à-dire sa valeur notionnelle, s’élève donc à 120 580 francs. En vendant un future, l’investisseur couvre ainsi l’intégralité de son portefeuille.

Si l’investisseur conserve ce future jusqu’à l’échéance, il pourrait compenser la perte qu’il ferait sur le marché au comptant, comme on le voit sur le graphique. En effet, le future a accompagné le cours au comptant jusqu’à l’échéance le 16 septembre 2022, mais à un niveau nettement plus bas qu’en avril 2022, c’est-à-dire à 10 688 points. La valeur notionnelle du future est donc tombée à 106 880 francs. Mais comme le cours de vente a été fixé d’avance à 120 580 francs, le vendeur à terme fait un bénéfice sur la différence, soit 13 680 francs, annulant ainsi sa perte sur le marché au comptant.

Ajustement graduel

Cet exemple théorique a l’avantage de la simplicité, mais s’avère peu réaliste. Dans la pratique, l’approche est évidemment plus nuancée. Tout d’abord, on n’a pas besoin d’attendre l’échéance du contrat : « On peut racheter en tout temps le contrat pour l’annuler. Quant à la sélection de l’échéance, la solution la plus efficace consiste à choisir la plus rapprochée, car c’est toujours la plus liquide. Et on peut renouveler le contrat lorsqu’on arrive à cette date en procédant à une opération dite de roll. »

Ensuite, comme « personne n’a de boule de cristal », poursuit notre interlocuteur, « on procède à une couverture progressive au fur et à mesure de la baisse du marché sous-jacent, en vendant par exemple des futures sur indice par tranche de 10%, jusqu’au moment où l’on a couvert l’ensemble du notionnel visé ».

La valeur notionnelle très élevée d’un seul future sur indice, qui ne peut être fractionné restreint évidemment leur usage pour les patrimoines modestes. Toutefois, pour répondre à ce besoin, les deux grands marchés de produits dérivés, Eurex et le CME, proposent depuis quelques années une solution de micro futures pour certains grands indices, avec un facteur multiplicatif divisé par 10. C’est le cas notamment du SMI dont ce facteur tombe à 1 franc.

Solutions alternatives

Les options constituent une autre solution pour couvrir son portefeuille. Il s’agit d’acheter une option  de vente – un put – sur l’indice, par exemple le SMI. On peut ainsi exercer l’option ou la revendre avant l’échéance. Si la baisse se concrétise, la différence entre le cours d’exercice choisi et le niveau atteint par le sous-jacent permettra de couvrir partiellement la perte sur le marché au comptant. « L’un des avantages des options, c’est le moindre capital dont il faut disposer en raison de contrats d’une valeur plus modérée que les futures, voire faibles, avance Aurèle Storno, et parce que ces derniers doivent être garantis par un dépôt sur le compte de marge de l’ordre de 5% de la valeur notionnelle. Mais les options ajoutent de la complexité et nécessitent donc une grande expertise. »

Un autre instrument s’est récemment développé sous la forme d’ETF short, qui prennent une position inverse à celle de leur marché sous-jacent, permettant de couvrir ses positions contre la baisse. « L’atout de ce genre de produit, c’est leur simplicité et leur accessibilité pour l’investisseur individuel. Il faut cependant prendre garde à la qualité de la réplication,qui se dégrade sur le long terme. Enfin, contrairement au future, l’ETF short doit être payé à 100% de sa valeur, immobilisant ainsi le capital de l’investisseur »