C’est avec surprise que j’ai découvert ce soir un communiqué de presse d’Ethos, qui m’a donné l’impression dans un premier temps de se féliciter du succès de l’initiative Minder. J’étais d’autant plus étonné que j’avais souvenir d’un Dominique Biedermann très combatif sur le plateau d’Infrarouge il y a quelques semaines, se confrontant parfois avec rugosité avec Thomas Minder lui-même, et appelant à rejeter son initiative. Le retournement de veste me paraissait un peu rapide…

C’est en lisant plus avant le communiqué de presse que j’ai commencé à comprendre : en fait, Ethos «se félicite du fait que les actionnaires des sociétés suisses cotées disposeront de droits en matière de rémunérations des instances dirigeantes. L’initiative Minder comme le contre-projet poursuivait le même but. Ethos s’engage dorénavant pour l’introduction des dispositions centrales du contre-projet dans la loi d’application.» Suit une liste de 6 points, par exemple l’introduction d’un vote contraignant par l’assemblée générale d’un règlement de rémunération exhaustif.

Cette réaction reflète à mon sens assez bien la confusion du débat, et peut-être par ricochet le succès de l’initiative. Tout d’abord, le conseil fédéral présentait un contre-projet indirect, concoté par le parlement – sans recommandation de vote de la part de ce dernier – sous la forme d’une loi d’application. Or, ce sont des objets de nature différente : l’initiative est un texte général, qui doit ensuite être assorti d’une loi d’application. Ce contre-projet avait aussi ceci de particulier qu’il était automatiquement accepté si le peuple rejetait l’initiative.

Par son caractère plus général, l’initiative bénéficiait sans doute d’un avantage non négligeable: celui de la simplicité, alors que les tenants du contre-projet multipliaient les explications techniques pour montrer sa supériorité, qui prévoyait tous les cas de figure. Dans un domaine aussi complexe que le droit des société anonyme, les adversaires de l’initiative partaient donc avec un très lourd handicap en matière de communication. D’autant plus que l’objectif à atteindre est quant à lui très simple : réduire les salaires abusifs des grands patrons. Quand les solutions sont trop techniques, devenant finalement inaudibles, ce sont les facteurs émotionnels qui vont prendre le dessus. Et qui donc symbolisait mieux que quiconque ce combat de longue haleine pour faire triompher cette cause, sinon le Robin des bois de Schaffhouse?