Le suspense n’aura pas duré longtemps, étant donné l’ampleur du rejet des trois initiatives proposées aujourd’hui. Les débats que l’on pouvait notamment suivre sur la RTS reflétaient bien l’absence d’enjeu, avec le maintien du statu quo. Si l’on partage l’avis des opposants, on ne peut que se réjouir du réalisme de la majorité des votants, même sur un sujet aussi complexe que la politique monétaire. Il est clair que la population a fait confiance à la BNS, elle qui est entrée dans l’arène pour défendre ses prérogatives. Elle était d’autant plus à l’aise pour convaincre qu’elle a réussi à contrer l’envol du franc vis-à-vis de l’euro – qui mettait sérieusement en péril notre industrie d’exportation –, en fixant un cours plancher il y a un peu plus de trois ans.

Parmi les arguments avancés par les tenants de l’initiative figurait le mauvais timing des ventes d’or, massives, réalisées dans les années 2000. L’argument n’est pas absurde, et il est vrai qu’il aurait été plus judicieux d’étaler ces opérations. Mais on peut rétorquer que la banque centrale n’est pas un gérant de fortune et que ses décisions répondent à d’autres impératifs. Ironiquement, on constatera que l’échec cinglant de cette initiative s’explique aussi par un mauvais timing. En effet, quel aurait été le résultat si la votation avait eu lieu il y a trois ans justement ? On était alors en pleine crise de l’euro, laissant craindre une éventuelle disparition de la monnaie européenne, tandis que l’accumulation de la dette américaine décrédibilisait le billet vert. Dans un tel contexte, l’idée d’obliger la BNS à conserver un épais matelas doré aurait sans nul doute connu un tout autre accueil. Et peut-être même son acceptation. Ce qui aurait constitué une véritable catastrophe, puisqu’elle aurait empêché notre banque centrale de faire son travail. L’économie suisse a heureusement bénéficié d’un bon timing.