On découvrait ce lundi dans la Tribune de Genève une enquête de Pascale Zimmerman sur la lutte des libraires pour continuer à servir leurs clients, malgré la fermeture (provisoire) de leurs enseignes. C’est à un véritable système D, pour reprendre le titre de l’article du quotidien, que recourent ces professionnels pour assurer les livraisons, grâce à la poste ou par eux-mêmes, avec les moyens du bord.
Pénurie de produit hydro-alcoolique
En période d’épidémie, on peut cependant s’interroger si c’est judicieux. Car ce type de service oblige non seulement à préparer manuellement et à transporter des paquets, mais à pousser des portes, à appuyer sur des poignées ou à taper des codes pour entrer dans les immeubles, pour aller à la rencontre des clients. Bien sûr, il suffit de se nettoyer les mains avec de l’eau et du savon – que l’on trouve tout de même difficilement dans la rue – ou du produit hydro-alcoolique après chaque livraison. Malheureusement, comme chacun le sait, ce désinfectant est difficile à se procurer. Il est vrai que s’il ne s’agit que de quelques commandes, ce n’est pas trop problématique.
En revanche, pour des livraisons à large échelle, comme celles que doivent effectuer tout au long la journée les facteurs et les factrices – et pas seulement pour des ouvrages –, cette question devient centrale. D’autant plus que, comme l’on montré différents reportages diffusés ces derniers jours, c’est plutôt la pénurie qui prévaut. En période de confinement, on devrait peut-être limiter l’envoi de colis uniquement pour des besoins vitaux comme les denrées alimentaires ou les médicaments.
L’ombre d’Amazon
Pour en revenir à nos libraires, l’autre solution aurait été de laisser les librairies ouvertes, comme le prône Jean Romain, député genevois PLR, en raison du caractère de première nécessité qu’on peut attribuer au livre. En fait, il s’agit plutôt de la défense des libraires contre Amazon, qui peut tirer parti de cette crise qui frappe les commerces physiques de plein fouet. On comprend bien l’argument de concurrence déloyale, qui peut être recevable. Mais, en termes épidémiques, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle, alors qu’on martèle la dangerosité de toute sortie hors de son domicile, et plus encore pour aller dans des milieux fermés. Surtout si l’on y cherche un contact personnalisé.