Comme de nombreux Romands, et qui plus est genevois, j’ai été quelque peu troublé par cette sordide histoire qui s’est passée dans ma ville il y a quelques années, et qui a fait l’objet d’un reportage suivi d’un débat à Infrarouge la semaine dernière, sur RTS UN. C’est l’histoire d’un homme, bénéficiaire de l’AI. Il vit seul et décède dans son appartement. Et il faut attendre 28 mois pour qu’on découvre finalement son cadavre.

On peut évidemment s’interroger sur l’absence de réactions des uns et des autres, notamment de la part des services sociaux alors qu’il s’agissait d’un homme qui bénéficiait de rentes AI et dont le loyer de l’appartement et les primes d’assurance maladie étaient pris en charge par l’aide sociale. Mais, tout cela a déjà été largement discuté lors du débat. Inutile d’y revenir.

Toutefois, sans doute par déformation professionnelle, j’ai relevé la belle unanimité qui se dégageait pour se réjouir des mailles très resserrées du filet social au sens financier du terme. Autrement dit, vous pouvez disparaître du champ public – et, dans ce cas extrême, même mourir dans votre coin – tout en bénéficiant de conditions d’existence (si l’on ose dire) décentes.

Mais est-ce vraiment le cas ? Je ne suis pas sûr que cet avis soit entièrement partagé par le public, si j’en crois différents reportages diffusés sur cette même chaîne, présentant des personnes bénéficiant de rentes AI ou AVS qui faisaient part de leur extrême difficulté à joindre les deux bouts. Il est vrai que si vous ne touchez que la rente AVS ou AI minimale, qui n’est que de 1’170 francs par mois, vous n’allez évidemment pas très loin… D’autant plus si vous n’avez pas cotisé tout au long durant la période obligatoire, pour une raison ou pour une autre, car votre rente sera réduite de 2,3 % par année manquante.

Heureusement, pour les plus démunis, il existe cette étrange assurance sociale que sont les prestations complémentaires que l’on confond souvent avec l’aide sociale. Or rien n’est plus faux. Elles font partie intégrante du 1er pilier, au même titre que l’AVS et l’AI. Mais à la grande différence de ces deux assurances jumelles, elles ne donnent lieu à aucune cotisation et sont entièrement financées par la Confédération. Ainsi, chaque bénéficiaire d’une rente AVS ou AI a le droit – et je souligne ce dernier mot, car il faut le faire valoir  – de recevoir des prestations qui complètent cette rente s’il en remplit les conditions pécuniaires. Et ces prestations sont de deux ordres : la prestation complémentaire annuelle d’une part, et le remboursement de frais de maladie et d’invalidité, d’autre part.

Concrètement, et pour donner un exemple présenté sur le site www.avs-ai.ch, et que j’ai repris dans Le guide de votre prévoyance, avec les chiffres pour 2013, j’ai choisi le cas d’une personne seule vivant à la maison, au bénéfice d’une rente AVS :

Mais vous aimeriez peut-être savoir si vous-même ou l’un de vos proches pourraient bénéficier de ces prestations complémentaires annuelles. Pour cela, rien de plus facile, il suffit de recourir au calculateur proposé par Pro Senectute (http://www.pro-senectute.ch/fr/offres/calcul-dune-prestation-complementaire.html) qui vous permet d’introduire les données qui vous concernent et d’aboutir à un calcul personnalisé.

En sus de la prestation complémentaire annuelle, les personnes qui en bénéficient peuvent aussi obtenir le remboursement de différents coûts, notamment de frais de traitement dentaire, d’aide, de soins et d’assistance à domicile, etc. Au total, les montants maximaux suivants peuvent être versés par année, en plus de la PC annuelle, dans le cadre du remboursement des frais de maladie et d’invalidité : 25’000 francs pour des personnes seules ; 50’000 francs pour des couples ; 6’000 francs pour des pensionnaires d’EMS.