Le verdict est tombé! Même si c’est du bout des lèvres, l’initiative de l’UDC sur l’immigration de masse a réussi son examen de passage. Ce succès va-t-il mettre en péril l’ensemble des bilatérales? On ne le sait pas encore. La première réaction du porte-parole de l’Union européenne ce soir à la RTS est assez inquiétante: la libre circulation, c’est du tout ou rien ! On espère que la position de l’UE sera un peu plus souple. On souhaite de toute façon du courage et de l’habileté à Didier Burkhalter pour négocier avec ses homologues européens dans ces conditions. Il faudrait un nouveau Talleyrand.

La position de la Suisse risque d’être d’autant plus fragile que les difficultés sociales évoquées – logements, transports, dumping salarial – paraissent tout de même bien modestes par comparaison avec celles que connaissent certains des grands pays européens en crise, comme la France, l’Italie ou l’Espagne. En outre, l’afflux des travailleurs européens dans notre pays, même s’il a très fortement augmenté depuis 2007, a contribué à la croissance, tandis que le chômage se maintient à un niveau très bas. Remettre en question le principe de la libre circulation dans un tel environnement paraît difficilement acceptable.

Quant à ces fameuses difficultés sociales, elles ne seraient peut-être pas aussi déterminantes qu’on l’a dit tout au long de l’après-midi, au cours de différentes interviews et commentaires sur la RTS. En effet, si l’on regarde la répartition des votes par canton, une barrière de rösti se dessine clairement: toute la Suisse romande a voté contre l’initiative. En Suisse alémanique, seuls Zurich et Zoug ont pris la même décision. Or ces régions – Arc lémanique, Genève et agglomération zurichoise – sont justement celles qui sont le plus touchées par les problèmes du logement et (en tout cas pour l’Arc lémanique) par des insuffisances de capacité en matière de transports. Et sans doute également par du dumping salarial. En revanche, cette analyse semble fonctionner pour le Tessin, qui a voté massivement en faveur de l’initiative, en raison du problème majeur de sous-enchère des salaires que connaît ce canton. Quant au vote de la majorité des autres cantons alémaniques, ces facteurs sociaux ont sans doute joué un rôle secondaire.