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L’exploitation des données tirées de la liste Falciani par mes confrères et consœurs apporte un éclairage cru et détaillé sur des pratiques connues en matière d’évasion fiscale pour ceux qui sont un peu familiarisés avec ce milieu. L’ampleur des comptes non déclarés peut paraître surprenante. Mais, finalement, pourquoi venait-on placer son argent en Suisse, sinon pour des raisons fiscales ? C’est une contribution précieuse pour les historiens alors que le secret bancaire suisse est en voie de disparition.

Cependant, ce ne sont pas ces agissements qui choquent aujourd’hui et qui appartiennent sans doute déjà au passé. Le véritable scandale, c’est évidemment le blanchiment des fonds issus du trafic de drogue et l’aide au financement du terrorisme. C’est d’autant plus ahurissant qu’on dispose depuis longtemps d’un véritable arsenal juridique pour que ce type de clientèle n’ait pas accès à notre système bancaire et financier, comme on s’en est toujours vanté à l’étranger.

À quoi a-t-il servi ? La réaction de l’Association Suisse des Banquiers, telle que rapportée par l’ATS qui cite son porte-parole Thomas Sutter, laisse songeur : « Il appartient à présent aux autorités d’examiner ces cas. En matière de blanchiment d’argent, la Suisse dispose d’une des réglementations les plus strictes au monde, mais il revient aux instituts financiers de s’y conformer, souligne encore M. Sutter. » Voilà de quoi dissuader tout criminel en col blanc ! L’échange automatique d’informations, auquel la Suisse participera en 2018, sera sans doute plus efficace…