Lorsqu’on contracte un emprunt hypothécaire, on a souvent avantage à amortir de manière indirecte, c’est-à-dire en épargnant régulièrement les sommes correspondantes sur un compte bloqué et en versant la totalité à l’échéance, en profitant des avantages fiscaux offerts dans le cadre du 3e pilier lié. Mais la question qui vient immédiatement à l’esprit est de savoir quelle forme de 3e pilier est la plus adéquate: une assurance vie ou un compte de prévoyance?

Mais avant de répondre à cette question, il nous faut détailler pourquoi et comment un amortissement indirect peut être plus avantageux qu’un remboursement direct. En fait, deux composantes entrent en ligne de compte: d’une part, les avantages fiscaux sur l’amortissement lui-même; d’autre part, les déductions fiscales liées aux intérêts hypothécaires. Lorsqu’on verse un montant sur un compte de prévoyance ou pour honorer sa prime d’assurance vie, cette somme est déductible ? dans certaines limites ? de son revenu imposable. C’est donc un avantage absolu.

Si l’on se tourne maintenant du côté des intérêts hypothécaires, on sait également qu’ils sont largement déductibles. Mais c’est un avantage à double tranchant. Car si le compte de prévoyance ou l’assurance vie dégage un rendement, il est en général nettement inférieur au coût des intérêts débiteurs. Au point que, même si l’on tient compte de l’avantage fiscal procuré par la déduction des intérêts amortis de manière indirecte, le bilan s’avère souvent négatif.

En fait, la loi semble avoir prévu cette conséquence, puisqu’elle permet le remboursement partiel, tous les cinq ans, de son hypothèque lorsqu’il est effectué par le biais d’un 3e pilier lié. De cette manière, l’impact négatif des intérêts hypothécaires est réduit par paliers, tous les cinq ans.

Dans cette perspective, le choix du compte bancaire semble s’imposer par rapport à une assurance vie, dont la valeur de rachat, qui est le montant qui sera restitué au preneur d’une assurance vie mixte en cas de résiliation anticipée, sera très faible au cours des premières années, et il faudra attendre, en général, au moins une dizaine d’années pour que la valeur de rachat de l’assurance atteigne le montant des primes versées.

Cet avantage en faveur du compte de prévoyance ne doit cependant pas nous faire perdre de vue la raison d’être de la souscription d’un produit de 3e pilier. Car les deux produits sont très différents: alors que le compte de prévoyance est une simple épargne, l’assurance vie, qui est en fait une assurance vie mixte, combine accumulation de capital pour l’amortissement et assurance vie en cas de décès et en cas d’invalidité.

Le choix entre les deux produits dépend donc fondamentalement des besoins à couvrir. Par exemple, le compte de prévoyance est une bonne solution pour un emprunteur célibataire et sans charges de famille, déjà bien couvert dans le cadre de l’AVS-AI et de sa caisse de pension, que son hypothèque n’est pas trop élevée et qu’il dispose de suffisamment de liquidités. En revanche, si l’emprunteur est un couple avec plusieurs jeunes enfants dont la mère s’occupe à plein temps et que l’hypothèque est trop élevée, l’assurance vie est sans doute la solution la plus judicieuse.

Toutefois, plutôt que de souscrire une assurance vie mixte, cette famille pourrait se décider pour un produit bancaire et un produit d’assurance. Cette solution élégante est censée offrir les avantages des deux types de produits ? souplesse et couverture des risques ? n’est pas forcément la panacée, prévient cependant Fabrice Geinoz, planificateur financier auprès de Swisslife, à Lausanne: «Dans le cas d’une combinaison d’épargne sur un compte bancaire et de risques couverts par un assureur, il est important de souligner que la libération du paiement des primes ne concerne que le risque décès et non pas la part épargne. Or si l’on peut inclure une rente complémentaire d’invalidité équivalente au montant de la part épargne, cette couverture est onéreuse et risque de faire perdre l’attrait du montage. Il faut donc analyser la situation de cas en cas».

Dans le cadre de cet article, on ne peut évidemment se livrer à cet exercice. Mais on gardera en mémoire que les couvertures annexes ? décès et invalidité ?, si elles sont nécessaires, doivent être aussi complètes que celles qui sont offertes dans une assurance vie mixte traditionnelle. Sinon, on achète un produit au rabais qui pourra se révéler lourd de conséquences en cas de malheur?